samedi 1 mars 2008

MTI Micro



MTI Micro lève le voile sur le nouveau prototype de pile à combustible mobile pour les appareils photos numériques au « Premier International Fuel Cell Event »

Le nouveau boîtier d’appareil photo numérique et de téléphone cellulaire alimenté par Mobion® parmi les prototypes qui seront présentés au « Hydrogen and Fuel Cell Expo » à Tokyo

IMTI MicroFuel Cells (MTI Micro), le développeur de la technologie de la micropile à combustible plébiscitée Mobion® une filiale de « Mechanical Technology Incorporated » (NASDAQ : MKTY), dévoilera demain un nouveau prototype pour le marché des appareils photos numériques au « 4th International Hydrogen and Fuel Cell Expo » à Tokyo, au Japon. En plus d’une démonstration présentant les chargeurs de bloc-piles externes le plus récents de la société alimentés par Mobion® le nouveau prototype de boîtier pour appareil numérique sera exposé au stand numéros 5 à 15 avec le modèle de pile à combustible intégrée. Ceci démontre le potentiel de Mobion® à s’intégrer dans les dispositifs portables du futur.

Le nouveau prototype de boîtier pour appareil numérique à cellule à combustible directe méthanol (DMFC) alimenté par Mobion® de MTI Micro fonctionne comme un bloc-piles pour les appareils photos réflexe numérique (APRN). Le prototype est conçu pour fournir deux fois plus d’énergie que les bloc-piles actuels pour les boîtiers des appareils photos de même taille. Le boîtier de l’appareil photo Mobion® peut être rechargé avec du méthanol pour une charge instantanée, ce qui permet aux photographes d’avoir une liberté d’utilisation en tout temps, n’importe où sans avoir à brancher le bloc d’alimentation à une prise de courant.

« Les appareils photos numériques représentent la deuxième source de revenue dans le marché des piles au lithium-ion pour la grande consommation, » a déclaré Peng Lim, chef de la direction chez MTI. « Avec la conception de caractéristiques avancées pour les nouveaux modèles, telles que l’enregistrement et la lecture des images vidéo à haute définition, la durée de vie de la pile devient une question importante. Ce prototype de boîtier pour appareil photo démontre notre capacité à solutionner les problèmes de consommation d’énergie pour les fabricants afin qu’ils puissent continuer à innover et à développer de nouveaux produits. »

De nos jours, les consommateurs moyens achètent de plus en plus les appareils photos réflexes numériques; ce nouveau prototype répond aux demandes d’énergie de ce segment du marché qui est en pleine croissance. Selon les sources de l’industrie, en 2007, environ six millions d’APRN qui ont été expédiés étaient compatibles avec le prototype de MTI Micro est on s’attend à ce que le marché continue à croître dans les années à venir.

Le stand de MTI Micro à l’expo démontrera des prototypes fonctionnels et donnera aux visiteurs un aperçu des applications potentielles des micropiles à combustibles de Mobion®. Les chargeurs de bloc-piles externes rechargeables Mobion® de MTI Micro procurera de l’énergie à une variété de dispositifs mobiles de haute technologie, comprenant un téléphone cellulaire, un appareil photo numérique, un lecteur MP3 et un téléphone intelligent (Smartphone). Les visiteurs pourront manipuler indépendamment chaque dispositif alimenté par Mobion® au stand.

En outre, la société a développé un nouveau concept de pile à combustible intégrée qui sera également exposé. Conçu pour un Smartphone de dernière technologie, le modèle conceptuel met en exergue la direction qu’on anticipe pour les piles à combustibles de Mobion® sur le marché de consommation.

« Le International Hydrogen and Fuel Cell Expo nous donnera des opportunités additionnelles pour démontrer nos prototypes aux parties intéressées qui pourraient devenir nos partenaires stratégiques, » a déclaré Mons. Yasuo Mohri, le nouveau représentant, basé au Japon, de MTI Micro. « Grâce à notre présence continuel au Japon, nos relations pourront bénéficier de notre présence locale, de sorte que MTI Micro peut forger des relations plus solides dans la région tout en renforçant sa position de leader dans la commercialisation de la technologie de cellule à combustible direct méthanol. »

Vous pouvez voir la démonstration du Mobion® de MTI Mobile au stand numéro 5 à 14 de MTI Mobile au « Fuel Cell Expo » à partir du mercredi 27 février jusqu’au vendredi 29 février. Pour de plus amples renseignements sur le « 4th Annual Hydrogen and Fuel Cell Expo » à Tokyo, visitez le site http://www.fcexpo.jp/english/.

MTI Micro développe actuellement la technologie de bloc-piles rechargeable sans fil de Mobion® qu’il considère comme la solution ultime pour alimenter le marché des dispositifs électroniques portables qui est évalué à plusieurs milliards de dollars. La stratégie de MTI Micro est de se positionner sur le marché en 2009 avec les produits Mobion® pour l’industrie des produits électroniques de consommation dans des applications telles que les téléphones cellulaires, les appareils photos numériques, les assistants numériques personnels, les lecteurs MP3 et d’autres dispositifs électroniques portables.

À propos de MTI MicroFuel Cells

MTI MicroFuel Cells Inc., une filiale de « Mechanical Technology Incorporated », (NASDAQ : MKTY), est le développeur de la technologie de la cellule à combustible direct méthanol plébiscitée Mobion® La société compte une équipe de cadres supérieurs, de chercheurs et de scientifiques de calibre mondial; un certain nombre de prototypes système démontrant la réduction de taille et l’amélioration des performances; une propriété intellectuelle significative; et a reçu des prix du gouvernement et a développé des partenariats stratégiques dans le but d’accélérer la commercialisation. Pour plus d’informations, veuillez consulter le site www.mtimicrofuelcells.com.

A quand une application nautique?


Contacts
MTI MicroFuel Cells
George Relan, 518-533-2220
Vice-président du développement corporatif
grelan@mechtech.com

ROUTE DE L'OR : Record battu pour Gitana 13 en 43 jours 38 minutes



Gitana 13 a franchi la ligne d’arrivée de la Route de l’Or, située dans la Baie de San Francisco non loin de la célèbre île d’Alcatraz, à 18h07 (heure française). Après plus de 43 jours 38 minutes de mer, dans lesquels il faut compter les cinq jours et demi de stand by forcé au Cap Horn, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers améliorent le temps de référence détenu depuis 1998 par Yves Parlier et ses hommes de 14 jours 2 heures et 43 minutes. Le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild aura parcouru les quelques 16 398 milles (distance réellement parcourue sur l’eau) qui séparent New York de San Francisco à la vitesse moyenne de 15,88 nœuds et décroche le premier chrono de sa campagne de records 2008.

Partis de New York le 16 janvier dernier, Lionel Lemonchois et son équipage ont rallié San Francisco ce jeudi 28 février peu après le lever du soleil sur le Golden Gate Bridge. Au terme de plus de six semaines de navigation, ils inscrivent leurs noms au palmarès de ce record mythique, imaginé en l’honneur des chercheurs d’Or du XIXème siècle. Le vainqueur de la Route du Rhum 2006 à la barre de Gitana 11, devenu le « capitaine » du maxi-catamaran, nous livre ses premières impressions.

Interview de Lionel Lemonchois
Vous améliorez le temps de référence détenu par Yves Parlier depuis 1998 de plus de 14 jours. Est-ce comparable, quelles sont vos premières impressions ?
« C’est évident que le potentiel du bateau de Yves Parlier (monocoque 60 pieds Aquitaine Innovations, ndlr) et celui de Gitana 13 sont sans comparaison. Ce qui est par contre intéressant à comparer ce sont les conditions météo. En 1998, Yves avait - je m’en souviens puisque j’y étais -, bénéficié de conditions plus avantageuses : le cap Horn ne l’avait pas fait patienter pendant cinq jours et la remontée du Pacifique avait été très favorable. Pour ma part, c’est la troisième fois que je fais ce parcours, et j’ai toujours retrouvé la même complexité météorologique. La route est truffée d’embûches et de passages délicats à négocier. Et puis c’est très long ! Ce record demande de gérer parfaitement le bateau : pour ne pas casser, il faut savoir quand aller vite et quand lever le pied.»

Pourquoi avoir choisi de vous attaquer à la Route de l’Or, alors qu’aucun maxi-multicoque ne s’y était attaqué à ce jour ?
« C’est justement parce qu’aucun maxi-multicoque ne s’y était jamais attaqué que je voulais être le premier à le tenter … J’espère que cela donnera l’idée et l’envie à d’autre de s’y lancer. La Route de l’Or propose, pour moi, l’un des parcours les plus intéressants et il a une véritable légitimité historique. Puis, il s’inscrit parfaitement dans le programme de Tour du Monde en record que nous nous sommes fixés cette année avec le Gitana Team.
Lors de mes deux participations aux côtés d’Isabelle Autissier, je n’étais que « simple équipier». Personnellement, repartir sur New York – San Fransisco en tant que skipper d’un catamaran de 33 mètres et de commander un équipage de neuf hommes pendant plusieurs semaines, était aussi pour moi un véritable défi. »

Le Cap Horn s’est montré peu hospitalier avec vous, comment ont été vécus ces cinq jours d’attente par l’équipage ?
« Rester bloqué devant le Cap Horn était une éventualité que nous avions envisagé avant de partir. Evidement, nous ne pensions pas y rester cinq jours, mais nous avons pris ça comme une fatalité et l’important dans ce genre de trajet est de finir .Il n’était, de toutes façons, pas envisageable de se retrouver au vent de la côte patagonienne avec des vents de 60 noeuds et plus, cela aurait suicidaire.»

Un mot sur le bateau ? Et sur vos neuf hommes d’équipage ?
« Gitana 13 n’est pas un bateau récent ; il a plusieurs Tours du Monde à son actif et est passé dans plusieurs mains : Loïck puis Bruno Peyron, Ellen MacArthur. Les nombreuses améliorations apportées par le Gitana Team depuis le rachat du Baron Benjamin de Rothschild en 2006 ont permis d’améliorer ses performances et sa viabilité. Gitana 13 ne nous a vraiment pas déçu.
Chaque personne présente à bord de Gitana 13 pendant ce record a été choisie pour ses compétences maritimes mais aussi pour ses qualités humaines. Faire cohabiter dix personnes dans un espace restreint pendant plusieurs semaines est un véritable défi en soi. L’ambiance a bord est restée la même du début à la fin et tout le monde a parfaitement rempli son rôle dans une très grande convivialité et un très grand respect de l’autre. Et ce même dans les moments difficiles … Personne n’a songé à se plaindre et tous sont fières d’être à bord de Gitana 13. »

Si vous deviez garder un souvenir particulier de ce record, lequel serait-il ?
« Il est évident que sur ce genre de parcours, le passage du Cap Horn reste le moment fort de cette traversée .L’arrivée aux abords du « caillou » en fin de journée avec son coté sombre et imposant ne nous a pas laissé indifférent, surtout pour ceux qui venait le défier pour la première fois. Cela reste à chaque fois une grande émotion ! Je remercie le Baron Benjamin de Rothschild de nous avoir fait confiance et de nous avoir laissé la chance de nous attaquer à ce record.»

Quel est votre programme et celui de Gitana 13 pour la suite ?
« Notre prochain objectif est le record San Francisco – Yokohama (détenu par Geronimo en 14 jours 22 heures 40 minutes), avec un départ prévu d’ici trois à quatre semaines. En attendant, le bateau restera en stand by à San Francisco et nous patienterons afin de profiter de conditions optimales pour ce parcours. Ce sera également l’occasion d’un repos bien mérité pour mes équipiers après plus de six semaines de mer. Tout l’équipage rentre quelques semaines en France, à l’exception d’une personne qui restera ici pour veiller sur Gitana 13.»

Les chiffres du record
Nouveau temps de référence établi par Gitana 13 : 43 jours 38 minutes (Temps provisoire en attente d’homologation du WSSRC) Lionel Lemonchois et ses neuf hommes d’équipage améliorent le temps de Yves Parlier de 14 jours 2 heures 43 minutes.

Départ de New York : Mercredi 16 janvier, à 17h29 (heure française)

Passage à l’équateur (Côté Atlantique): Mercredi 23 janvier à 8h24 (heure française),
Temps de passage - 6 jours 14 heures 52 minutes

Passage du Cap Horn : Vendredi 8 février à 00h54 (heure française),
Temps de passage - 22 jours 7 heures 25 minutes

Passage à l’équateur (Côté Pacifique): Mardi 19 février à 1h56 (heure française),
Temps de passage - 33 jours 8 heures 27 minutes

Le record New York - San Francisco : un beau défi météo

Du phare d’Ambrose, qui balise l’entrée du port de New York, à l’Ile d’Alcatraz dans la baie de San Francisco, il nous aura fallu 43 jours 38 minutes. Qui l’eût cru ? Au fil des semaines, le trajet s’est révélé plus difficile mais aussi encore plus passionnant que je ne l’avais imaginé !

1) Un Atlantique Nord prévisible
Avec le concours de Sylvain Mondon (météo France) nous décidons de larguer les amarres dans les vents de Nord-Ouest de 20 à 25nds qui suivent une dépression. La photo souvenir devant Manhattan sous un soleil splendide et glacial et hop ! Nous filons grand train sur la route directe. La fenêtre météo n’est pas grande mais nous nous déplaçons exactement à la vitesse des masses d’air. Les milles s’accumulent vite, les journées s’emballent et les 3 000 milles qui séparent Ambrose de l’entrée du Pot-au-Noir sont avalés en à peine plus de 5 jours et 24,5 noeuds de moyenne. Pour notre Gitana 13, qui adore les allures portantes et dévaler les vagues, c’est une formalité. C’est aussi, et de loin, la partie facile du trajet !

2) Première difficulté : le Pot-au-Noir
Le passage de l’équateur météo entre les alizés du Nord Est et ceux du Sud Est nous prouve une fois de plus qu’il est absolument imprévisible plus de 24 heures à l’avance… au mieux !
Nous nous présentons au niveau du 30°Ouest où subsiste un courant d’air mais où les images satellites voient quantité de grains violents en travers de la route. Sur le qui-vive, nous attaquons la traversée sur la pointe des pieds mais elle se fera finalement avec tout dessus : grand soleil, vent de travers, à 10-12 noeuds… pas un nuage ! Les néophytes, à qui nous avions prédit l’enfer, se moquent des anciens… 6 jours et demi pour couper l’équateur, voilà un début prometteur.

3) Un Atlantique Sud complexe
La descente le long du brésil, d’abord annoncée simple, se complique vite. La région tropicale chaude et humide brésilienne « pond » ses dépressions en quelques heures, bouleverse les prévisions et casse la belle mécanique alizéenne d’un jour à l’autre. Vents mollissants, accélérations, zones de calme, passages de front : nous sommes confrontés tous les 300 milles à un système météo nouveau et différent jusqu’au sud de l’Argentine. La vitesse de déplacement du bateau nous permet de rester évolutifs et de zigzaguer entre tous les pièges sud américains. Nous gardons l’objectif de descendre l’Atlantique à la moyenne de 500 milles /jour.

4) Sésame, ouvre-toi !
Le coup de vent de 40 à 45 noeuds de Sud-Ouest qui nous cueille le long des côtes au nord de la Terre de Feu n’est qu’un avant goût de ce qui nous attend. Depuis quelques jours déjà, nous scrutons avec Sylvain Mondon les prévisions de vent et surtout de mer tout autour du Horn, qui marque aussi la mi-parcours. Pour s’engager, il faut une fenêtre de 60 heures minimum pour couvrir les 1 000 milles qui nous sépare du 45°Sud et échapper à coup sûr au déchaînement de la prochaine dépression. Cette nécessité nous coûtera cinq jours et demi d’attente, à tourner en rond sous le vent de la côte, à l’abri de la mer mais pas toujours du vent qui souffle en rafales parfois à 65 noeuds…

Finalement, après avoir ressorti gants et bonnets, nous passons aux pieds de la falaise noire du Horn le 8 février. Nous enroulons par en dessous une petite dépression qui se fracasse sur la cordillère des Andes et filons plein nord pour échapper de justesse à un méchant coup de vent. La porte se claque dans notre dos au ras de la côte chilienne avec des vents de Nord de 40 à 50 noeuds… Ouf ! A la latitude de Valparaiso - et des plus belles femmes du monde -, les températures de l’eau et de l’air remontent. Nous sommes passés mais le chrono en a pris un coup et nous jetons définitivement aux oubliettes nos ambitions de 35 jours !

5) L’immense Pacifique
Depuis le Cap Horn, contrairement à nos navigations atlantiques, nos étraves ne pointent plus jamais sur la route directe. Après les bords de près du Grand Sud, nous voilà plein vent arrière pour contourner par l’Est l’énorme Anticyclone de l’île de Pâques. Sur les 500 bons milles effectués sur l’eau chaque jour, il n’en reste que 350 sur la route directe au bout de 24 heures ! Cette semaine assez monotone mais reposante sous grand gennaker nous emmène jusqu’au Pot-au-Noir Pacifique, un monstre qui s’étend sur près de 3 000 milles et dont l’épaisseur peut atteindre 450 milles.

Comment faire ?... Au dernier moment, nous nous enfilons dans un trou de souris et filons plein nord en pensant échapper au pire. Mais nous serons rattrapés par les griffes gluantes de la pétole pendant 12 heures. L’équipage s’énerve un peu mais tout compte fait, nous aurons quand même bien coupé le fromage en passant à 350 milles des Galapagos et en sortant assez Est en prévision de la longue remontée au près qui nous attend.

6) Le bouquet final
2 500 milles nous séparent encore de San Francisco, soit 7 jours contre le vent, une allure que Gitana 13 n’aime guère. Surtout dès que la mer se forme et que les vagues secouent violement la structure. La vie devient difficile à bord. Sous le vent - passé 20 noeuds de vent - le sommeil est quasi impossible. Les alizés de Nord-Est doux et chauds se transforment au fil des milles en un Nord frisquet, qui nous rappelle que de ce « côté-là », c’est encore l’hiver. Encore quelques bords le long de l’Anticyclone californien et le Golden Gate Bridge apparaît au petit jour du 28 février comme une délivrance. La baie qui s’ouvre est un havre de paix bien mérité après ces six semaines de mer !

Et après ?
Nous établissons un nouveau record puisque nous améliorons de 14 jours 2 heures et 43 minutes le précédent record détenu par Yves Parlier sur Aquitaine Innovation en 1998 ; avec une descente rapide et une moyenne proche des 500 milles/jour, puis une remontée plus lente avec seulement 325 milles de moyenne sur la route directe.

Le tour du continent américain impose sa trajectoire à laquelle il est plus difficile d’échapper que sur un Jules Verne ou la roue « est plus large ». De fait, les deux traversées verticales de l’Atlantique et du Pacifique offrent un ensemble de conditions météorologiques extrêmement varié et imprévisible à long terme.

La « porte » du Horn restera l’arbitre du chrono et il faudra savoir attendre pour préserver le matériel et les hommes. En théorie, la barrière des 30 jours serait accessible à condition d’avoir beaucoup de chance avec la météo et de ne rien casser ce qui a été notre cas (excepté un réa de drosse de barre vite réparé et un padaye de réglage de foc vite remplacé).

Voilà en tout cas le plus beau des parcours de Course au Large que je connaisse. La société Seven Seas l’avait compris en 1998 en organisant la Route de l’Or. Il serait bien que d’autres prennent le relais pour découvrir ce monde d’une richesse géographique et historique exceptionnelle…

Mais après ces 43 jours de mer, ma fascination reste entière : il y a 150 ans, les clippers faisaient le même parcours, sans météo, sans cirés, sans faire de près et sans moteur.

Dominic Vittet
Navigateur de Gitana 13


Semaine 1 (du 16 au 23 janvier)
Mercredi 16 janvier à 17h29 (heure française), Gitana 13 s’élance à l’assaut du premier record de sa campagne 2008 : direction San Francisco via le Cap Horn contre les vents dominants. La course de Lionel Lemonchois et de ses neuf équipiers démarre sur les chapeaux de roues dans un flux de Nord Nord-Ouest très instable en force.

Quatre jours après leur départ et suite à une course contre l’anticyclone des Bermudes, les hommes du Gitana Team atteignent les alizés soutenus de l’hémisphère Nord. « Ce début de record a été assez fatiguant car nous avons eu beaucoup de travail sur le pont pour exploiter au mieux le potentiel du bateau. » soulignait Léopold Lucet. Le premier Pot-au-Noir de cette aventure se fera très discret et laissera passer le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild « comme une fleur ». Le mercredi 23 janvier à 8h24 (heure française), moins d’une semaine après leur envol, Lionel Lemonchois et ses équipiers atteignent l’équateur. Ils réalisent une très belle performance et établissent un premier joli temps de référence en couvrant les 4 000 milles qui séparent New York et la ligne de démarcation des deux hémisphères en 6 jours 14 heures 52 minutes ! Quatre des dix marins du bord célèbrent leur premier passage de la « ligne ».

Semaine 2 (du 23 au 30 janvier)
Depuis leur passage de l’équateur, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers ont du faire preuve de sang-froid et d’opiniâtreté. Car la semaine qui vient de s’écouler s’est jouée sur « un air d’accordéon » : la région tropicale chaude et humide brésilienne « pond » ses dépressions en quelques heures, venant ainsi bouleverser les prévisions et casser la belle mécanique alizéenne d’un jour à l’autre : vents mollissants, accélérations, zones de calme, passages de front, l’équipage de Gitana 13 est confronté tous les 300 milles à un système météo nouveau et différent jusqu’au sud de l’Argentine. « Depuis le Pot-au-Noir (dont ils sont sortis le 23 janvier dernier, ndlr), ce n’est pas facile ! Nous avons dû batailler avec des vents instables, tant en force qu’en direction, et déjouer les pièges de zones de grains puis de calmes… c’était un peu longuet ! » confiait Lionel Lemonchois. Mais la vitesse de déplacement du maxi-catamaran permettra aux hommes de Lionel Lemonchois de rester évolutifs et de zigzaguer entre tous les pièges sud américains.

C’est au cours de cette deuxième semaine, que les dix marins du Gitana Team effectuent leur premier changement d’amure. Malgré de très nombreux réglages de voiles, le catamaran de 33 mètres aura réalisé ses dix premiers jours de mer sur un seul bord.

Semaine 3 (du 30 janvier au 6 février)
Gitana 13 progresse vers le Sud, au large des côtes argentines, et plus le maxi-catamaran descend plus les conditions hostiles de la pointe sud-américaine se profilent. « Le coup de vent, de 40 à 45 noeuds de Sud-Ouest, qui nous cueille le long des côtes au nord de la Terre de Feu n’est qu’un avant goût de ce qui nous attend … Depuis quelques jours déjà, nous scrutons avec Sylvain les prévisions de vent et surtout de mer tout autour du Horn. Pour s’engager, il faut une fenêtre de 60 heures minimum pour couvrir les 1000 milles qui nous sépare du 45° Sud et échapper à coup sûr au déchaînement de la prochaine dépression » expliquait Dominic Vittet.

Le Cap Horn constitue l’une des difficultés majeures de ce record entre New York et San Francisco. Et cette année, les conditions météorologiques qui régnaient début février alentours du célèbre rocher ont contraint Lionel Lemonchois et ses solides neuf équipiers à rebrousser chemin pour attendre la clémence des lieux et espérer un passage vers le Pacifique. Initialement prévu dans la journée du samedi 2 février - le jour de l’anniversaire du « Capitaine » Lemonchois !- le salut de la mythique falaise noire n’aura lieu que quelques jours plus tard…

Semaine 4 (du 6 au 13 février)
Après 5 jours et demi d’errance à l’abri des rivages de la Terre de Feu - où les hommes de Lionel Lemonchois auront tout de même subi des rafales de plus de 65 nœuds à sec de toile ! -, le feu passe au vert pour reprendre une expression de Nicolas Raynaud. Au terme de 120 milles musclés dans une mer particulièrement formée depuis le Détroit de Le Maire, Gitana 13 double le Cap Horn d’Est en Ouest le vendredi 8 février à 00h54 (heure française), 22 jours 7 heures 25 minutes après son départ de New York. Le maxi-catamaran armé par les Baron Benjamin de Rothschild compte alors six nouveaux cap-horniers ! Un honneur que Lionel Lemonchois comptait déjà depuis de longues années. « Sous ORC et trois ris, nous voilà à tirer des bords dans le détroit de Le Maire que nous embouquons pour la troisième fois en cinq jours. La mer est encore grosse, mais heureusement, comme prévu, le vent et la mer iront en décroissant. C’est à 23h54 TU que nous croiserons enfin dans le sud de l’île Cabo de Hornos. Reste que nous sommes bien passés dans un « trou de souris » et que ce créneau, il ne fallait pas le manquer sous peine d’attendre encore quatre à cinq jours de plus» expliquait Nicolas Raynaud.

Et si le Horn marque la mi-parcours, cela signifie aussi la fin de l’Océan Atlantique et le début de l’immense Océan Pacifique pour les dix hommes d’équipage de Gitana 13 ; des eaux hostiles, méconnues et craintes par les marins qui y ont croisé un jour. Lionel Lemonchois et ses équipiers y feront une entrée musclée.

Semaine 5 (du 13 au 20 février)
« Quatre semaines dans le sillage, déjà, seulement, on ne sait plus très bien … La seule chose que l’on sache vraiment est que San Francisco est encore loin ! Si dans la première partie de notre parcours, nous n’avons fait quasiment que de la route « utile », cette remontée vers le but ne permet pas une telle efficacité. Hier, nous avons parcouru quelques 500 milles, mais avec un gain positif de seulement 395 milles » pouvait-on lire dans le commentaire du bord du 13 février. Cette cinquième semaine de mer sera marquée par le contournement de l’Anticyclone de l’Ile de Pâques, que l’équipage de Lionel Lemonchois choisi de parer par l’Est. C’est dans un flux de Sud-Est modéré que les dix marins grimpent vers l’hémisphère Nord au gré des empannages. Quelques jours sous grand gennaker et sans trop d’action sur le pont qu’ils qualifieront de reposants avant d’aborder le Pot-au-Noir Pacifique.

Le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild, franchit l’équateur le mardi 19 février à 1h56 (heure française), 33 jours 8 heures et 27 minutes après avoir doublé le Phare d’Ambrose, qui balise l’entrée du port de New York. « Il y a eu la statue de la Liberté, l’équateur, le cap Horn, à nouveau l’équateur, il ne reste plus que le Golden Gate Bridge » s’amusait Lionel Lemonchois lors de ce retour dans l’hémisphère Nord, après avoir navigué plus de 26 jours la « tête à l’envers » !

Semaine 6 (du 20 au 27 février)
Si la Zone de Convergence Inter-Tropicale Atlantique s’était montrée plus que clémente avec l’équipage de Gitana 13, son homologue Pacifique a lui donné du fil à retordre aux hommes de Lionel Lemonchois. Pensant s’en être sortis le 21 février, les dix marins se font rattraper par ses calmes et mettront près de deux jours à s’extraire définitivement de ce front équatorial.

Mais les derniers milles qui séparent encore le maxi-catamaran de sa destination finale ne seront pas non plus une promenade de santé : des bords de près - une allure qui ne sied guère à Gitana 13 - en bordure de l’Anticyclone californien viendront rythmer la route qui mène à San Francisco. Mardi 26 février, à moins de deux jours de leur arrivée, Lionel Lemonchois et ses équipiers se trouvent pris en étau entre deux situations météorologiques bien contrastées et n’ont d’autre alternative que de zigzaguer de l’un à l’autre : « Dans notre Ouest il y a une bulle anticyclonique synonyme de vents faibles alors que dans notre Est s’est formé un couloir de vents plus soutenus le long des côtes. L’enjeu de ces dernières 24 heures est de jouer successivement avec ces deux phénomènes. La route directe nous guide vers le Nord, mais dès que ça mollit trop nous virons de bord pour retrouver plus de pression, puis dès que le vent forcit nous remettons le cap vers la bordure de l’anticyclone… et vice versa » résumait Dominic Vittet depuis la table à cartes du maxi-multicoque.

Jeudi 28 février
Le jour est levé depuis quelques heures lorsque les étraves de Gitana 13 glissent sous le Golden Gate Bridge. Deux milles et demi plus loin se dressent l’île d’Alcatraz et sa célèbre prison. Le maxi-catamaran franchit la ligne d’arrivée de la Route de l’Or à 18h07 (heure française) et Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers établissent un nouveau record entre New York et San Francisco en 43 jours 38 minutes ; le premier du catamaran de 33 mètres sous les couleurs du Gitana Team.