mardi 29 janvier 2008

GROUPAMA 3 À L'ÉQUATEUR DEMAIN, EN SIX JOURS...



L'équateur est le prochain objectif de Groupama 3 qui n'était plus, mardi en milieu d'après-midi, qu'à 350 milles de ses étraves. Les prévisions météorologiques laissaient entendre que Franck Cammas et son équipage ne seraient pas trop ralentis par un Pot au Noir peu actif. A ce rythme, la ligne de changement d'hémisphère pourrait être franchi mercredi juste après le lever du jour, ce qui offrirait un premier temps intermédiaire au trimaran géant en plus ou moins six jours pile...



A l'exception du premier jour de mer et de quelques grains au large des Canaries, Groupama 3 a essentiellement navigué dans des brises faibles à modérées, pratiquement toujours inférieures à vingt noeuds... Et pourtant, le trimaran géant est parfaitement dans le timing d'un record autour du monde puisqu'il devrait déjà s'adjuger un premier temps intermédiaire au passage de l'équateur ! Six jours onze heures vingt-six minutes : voilà le score qu'avait réalisé Geronimo en 2003... Tandis que Orange II, lors de son périple victorieux autour du monde en 2005, n'avait pas été très rapide puisqu'il n'avait atteint la ligne de changement d'hémisphère qu'après sept jours deux heures cinquante-six minutes... Au rythme de vingt noeuds de moyenne ce mardi, Franck Cammas et son équipage devraient ainsi « passer au Sud » entre 8h00 et 14h00 mercredi, soit une descente depuis Ouessant en six jours, à quelques heures près.

Le Pot est peu actif

En fait, tout va dépendre de la situation dans le Pot au Noir qui, d'après le prévisionniste, Sylvain Mondon de Météo France, est étendu mais peu actif même s'il annonce des orages la nuit prochaine. Mais impossible de prédire avec certitude cette zone marquée par la confrontation des alizés du Nord et du Sud et l'affrontement des vagues associées, par la très forte évaporation de la mer créant de grosses masses nuageuses chargées d'humidité et enfin par la présence de calmes imprévisibles en raison du faible gradient barométrique. Bref, malgré tous les moyens techniques, les modèles numériques de prévision ou encore les images satellites, cette micro météorologie n'est pas discernable précisément de la terre. A quelques kilomètres près, un navire peut bénéficier d'un vent de plus de vingt noeuds régulier tandis qu'un autre « patine » dans une brise évanescente et volage des heures durant.

Toutefois, la bonne nouvelle vient des autres voiliers qui ont traversé cette Zone de Convergence Inter Tropicale ces jours derniers : Lionel Lemonchois et son équipage sont passés par là il y a seulement six jours en route vers le cap Horn au départ de New York. Ils n'ont rien vu ou presque, si ce n'est un ciel bleu sans quasiment un seul nuage ! Et le duo Dick-Foxall sur le chemin retour à l'occasion de la Barcelona Wolrd Race, a aussi franchi la ligne il y a quatre jours... Un tandem avec lequel Steve Ravussin a pu échanger quelques mots à la vacation radio de ce mercredi midi : ils ont subi des grains mais n'ont pas mis beaucoup de temps pour sortir du Pot au Noir. Pour l'heure, le Suisse du bord indiquait qu'il avait fallu changer de voiles ce mardi matin car la brise, si elle était stable en direction, était plus variable en force. « Je me réveille tout juste. J'ai bien dormi, mais pas beaucoup : une petite heure... Parce que nous avons dû manoeuvrer pas mal cette nuit. On a mis le gennaker léger ce matin parce que le vent a un peu molli : 13 noeuds au lieu de 23 cette nuit ! Un beau ciel, un vent stable en direction et une belle mer : nous sommes ce midi bâbord amure à 23 noeuds... » précisait Steve Ravussin. La nuit prochaine sera peut-être un peu plus agitée sur le pont de Groupama 3 mais gageons que l'équipage pourra ainsi s'offrir une journée d'avance sur le record lors de ce passage de la ligne équatoriale.

Ils ont dit

Steve Ravussin :
« Nous ne sommes pas très fatigués parce que nous pouvons faire nos quarts de sommeil sans être réveillé. Nous avons super bien mangé pendant les trois premiers jours grâce aux plats préparés par le cuisinier Rochas et maintenant nous sommes passés au lyophilisé avec d'excellentes sauces... L'ambiance est super bonne à bord de Groupama 3 et tout se passe très bien : Franck s'est bien adapté à la situation avec un équipage plus important que sur un 60 pieds. »

Repères :

Temps à battre : 50 jours 16 heures 20 minutes et 4 secondes - Vitesse moyenne : 17,89 noeuds. Record détenu par Bruno Peyron, à bord du maxi-catamaran Orange 2, depuis mars 2005.
Temps à battre de Ouessant à l'équateur : 6 jours 11 heures 26 minutes (Geronimo en 2003)

Les chiffres du jour :
Départ le jeudi 24 janvier 2008 à 7h50'17''TU
Arrivée avant le : Samedi 15 mars 2008 à 00h09'21'' TU
Jour 5 à 7h 45' TU :
*Distance parcourue sur l'eau en 24 heures : 551,1 milles
*Distance parcourue depuis le départ : 2 571 milles
*Distance par rapport à l'arrivée : 21 959 milles
*Moyenne du jour 5 : 22,96 noeuds
*Moyenne depuis le départ : 21,42 noeuds
*Avance par rapport à Orange II : 420,4 milles

CONCURRENCE QUÉBECOISE



Class 40 Bleu: mise à l’eau prévue en avril 2008



Montréal : La construction du monocoque Class 40 Bleu est entrée dans sa phase finale cet automne à Montréal. La coque et le pont sont maintenant assemblés, tous les renforts structurels sont en place et l’on a terminé la délicate installation des systèmes de ballast. «Nous y avons apporté un soin particulier» indique Éric Tabardel «c’est une tâche complexe à réaliser ainsi qu’un élément déterminant pour les performances du bateau » ajoute le skipper du voilier.

Voiles Saintonge a reçu le mandat de confectionner le jeu de voiles et l’on prépare en ce moment la pose de l’accastillage. La mise à l’eau du Class 40 est prévue au mois d’avril dans la région montréalaise.

L’entraînement de l’équipage débutera dès le mois de mai dans le golfe du Saint-Laurent. Pour disputer la Transat Québec—Saint-Malo, dont le départ sera donné le 20 juillet 2008, les co-skippers Damien De Pas et Éric Tabardel ont choisi d’embarquer Chris Sayer et Sébastien Roubinet, deux régatiers expérimentés, également préparateurs professionnels et ayant tous deux disputé la Transat 6,50. Le Néo-Zélandais Chris Sayer, constructeur de bateaux de course, a apporté un savoir-faire précieux tout au long de la construction du Class 40.

Les océans ne sont pas des poubelles!

Le projet Défi Bleu Voile Océanique s’est donné pour mission se sensibiliser le public à la nécessité de protéger l’intégrité biologique des océans. Toutes les mers du monde subissent quotidiennement des agressions causées par des entreprises et des gouvernements qui ont choisi d’ignorer leurs responsabilités.

Au large de la Californie, une accumulation de trois millions de tonnes de déchets flottants, concentrés par l’effet des courants océaniques, forme une croûte épaisse à la surface de l’eau dont la superficie est supérieure à l’État du Texas! Oiseaux, mammifères et tortues prennent les matières plastiques pour des méduses et les ingèrent. Beaucoup d’animaux meurent par la suite d’étouffement ou par blocage de leur système digestif. Greenpeace a recensé 267 espèces marines ainsi mises en danger par les déchets de plastique.

Pour endiguer l’apport de matières plastiques dans les océans, il faut envisager d’interdire l’utilisation des emballages de plastique conventionnels pour leur substituer des emballages biodégradables. Le respect de la règle des 3 R (réduire à la source, recycler et réutiliser) permettrait de réduire le volume de déchets qui dégradent les écosystèmes marins.

La présence sur la ligne départ du Class 40 Bleu à Québec l’été prochain veut rappeler au public que tous les citoyens ont un rôle à jouer dans la bataille du respect de l’environnement. L’élimination du plastique de nos habitudes de consommation est un geste simple que devraient poser tous ceux et celles d’entre-nous qui veulent contribuer au rétablissement de la santé des océans.


Le projet de class 40 Bleu-Voile-Océanique des skippers Damien Depas et Éric Tabardel va bon train. Et cela même si certains aspects tels que la recherche de commandites s’avère être un véritable parcours du combattant. Il faut savoir que bien que la tradition de la voile soit fortement ancrée au Québec, les commandites pour ce sport pratiqué à de hauts niveaux sont extrêmement difficiles à recueillir dû essentiellement aux longs mois d’hivers ainsi qu’au côté très onéreux qu’implique ce type de mécénat.

« Nous construisons un bateau pour gagner la Transat Québec-St-Malo et rien de moins. Tous sont à pied d’œuvre pour fabriquer une véritable machine de guerre et chacun est à son poste et travaille d’arrache pied. Damien participe présentement à un échange d’expertise avec l’équipe de Derek Hatfield à Toronto. Il fourni au team du Spirit of canada une aide précieuse pour la préparation et la mise au point de leur bateau. De leur côté, l’équipe de Derek Hatfield fait de même en nous conseillant pour la construction de notre class 40. Cela nous procure certaines connaissances qui nous manquaient. »