mardi 18 décembre 2007

ENFIN : Le premier cargo à voile du monde




Le " Beluga Skysails " est le premier navire marchand " écolo " du monde. Le cargo est, en effet, équipé d'une voile géante comparable à celle d'un kitesurf afin de réduire l'émission des gaz à effet de serre.

Là ou un kitesurf possède une voile d'environ 10m², celle du cargo à voile en fait 160. Le navire peut ainsi se servir de la force des vents soufflant jusqu'à 300 mètres au dessus du niveau de la mer. Selon les experts, cela devrait permettre de réduire la consommation journalière de carburant d'environ 20%, soit une économie de 1 000 euros par jour.
Cette réduction des dépenses de carburant devrait permettre d'amortir les coûts d'investissement du système, 500 000 euros, sur une période de 3 à 5 ans seulement. Un délai assez court lorsque l'on sait que cet équipement permet de réduire nettement l'émission des gaz à effet de serre.

Un avantage non négligeable alors que la quantité de CO2 produite par le transport maritime est énorme comme nous le rappelle Niels Stolberg, directeur exécutif de Beluga Shipping, l'entreprise à l'origine du produit : " La filière du transport maritime émet 800 millions de tonnes de CO2 aujourd'hui et cela grimpera à plus d'un milliard de tonnes dans cinq ans ".

Seul point noir du projet, une fois la voile déployée, le cargo ne peut pas lutter contre les vents contraires et surtout seuls les navires ne dépassant pas les 16 noeuds peuvent être équipés. Sur les 100 000 cargos existant, seuls 60 000 pourraient donc bénéficier de ce "moteur écolo". Mais il en faut plus pour décourager l'entreprise qui envisage déjà d'équiper 1 500 navires d'ici 2015. A condition que le premier voyage expérimenta soit un succès. Parti d'Hambourg le 15 décembre, le "Beluga Skysails" doit traverser l'Atlantique pour arriver au Venezuela au début du mois de janvier...

FRANCIS JOYON : "ET MAINTENANT LE PACIFIQUE..."



Avec déjà quatre records dans sa besace - chronos à l'équateur, à Bonne-Espérance, record des 24 heures, record à Leeuwin - et surtout sept jours d'avance sur le chrono à battre d'Ellen MacArthur, Francis Joyon affole toujours les compteurs dans le grand Sud. Le trimaran IDEC passera demain à la verticale de la Tasmanie. Et maintenant le Pacifique...


L'Atlantique et l'Indien sont déjà dans le rétro, ou presque. « Oui, je devrais être normalement demain matin à la longitude 146°, distante ce midi de 440 milles pour moi. C'est la verticale du sud de la Tasmanie qui marque une vraie frontière entre l'Océan Indien et le Pacifique. Ce sera encore un moment fort… » S'il désespère d'apprivoiser au sifflet pétrels et albatros qui viennent planer au-dessus du sillage de son grand oiseau rouge (« je n'arrive pas à les faire atterrir sur le pont, ils ont l'air de tenir à leur liberté et leur indépendance »), au sud de l'Australie, Francis Joyon apparaît toujours aussi calme et serein en bouclant le 24eme jour de sa tentative de record solitaire autour du monde.
Dans les Cinquantièmes Hurlants, le skipper du maxi trimaran IDEC est pourtant contraint de composer avec un vent d'ouest qui l'oblige à « tricoter ». Explication : « Je tire des bords vent arrière, en restant entre le 52° et le 53° sud. Car le bateau ne peut bien fonctionner qu'avec un angle minimum de 30 degrés qui crée du vent apparent et cela permet d'avancer à 25, 28 nœuds. Pour donner une comparaison, si je restais au plein vent arrière, je n'avancerais qu'à 10 nœuds ». Francis Joyon a été moniteur de voile aux Glénan, cela aide côté pédagogie. Reste que le fait d'être obligé de fonctionner ainsi, donc en manoeuvrant plus souvent, ne semble pas l'affecter outre mesure : IDEC reste sur des moyennes quotidiennes supérieures à 500 milles nautiques.
« Le bateau monte à 32 nœuds »…
Dans une houle déjà formée « et qui devrait atteindre 4 à 6 mètres dès demain », IDEC fait parler la poudre. Ne pas croire pour autant à une glissade linéaire. « La vitesse oscille beaucoup », témoigne Francis Joyon, « dans la descente de la vague, le bateau peut monter à 32 nœuds… et être freiné jusqu'à 15 ou 14 nœuds quand la houle me rejoint ». La carte postale du jour, au grand sud du continent australien est complétée par une lumière bienvenue aujourd'hui. « Il y a de l'horizon pour la première fois depuis très longtemps, alors que j'étais habitué à ne voir qu'un petit cercle de coton autour du bateau. Je navigue sous un ciel nuageux, un peu gris, mais rien de méchant, avec des oiseaux toujours, des pétrels, un albatros qui passe de temps en temps… c'est plutôt agréable ». De la morsure du froid (« j'ai trois couches de polaires et un ciré quand je sors pour me protéger du vent et des embruns, mais ça va, je m'attendais à pire») Francis ne dit rien ou presque. La solitude ? Il la traite d'une pirouette : « je n'ai pas vu la moindre trace humaine depuis le large du Brésil voilà des milliers de milles, alors quand j'entends les gens dire que la planète est surpeuplée… (rires) » Du Joyon dans le texte. Qui ne manque pas une occasion de s'enquérir sans malice de la santé de ses interlocuteurs terriens aux vacations, qui va concéder à peine que « il y aura un moment délicat dans trois jours, avec à priori une dorsale anticyclonique et des zones de calmes au sud de la Nouvelle-Zélande, on verra s'il faut plonger plutôt sud où au contraire coller à la Nouvelle Zélande pour la négocier». Pour l'instant, IDEC engrange les milles d'avance sur le chrono d'Ellen MacArthur. Plus de 2300 milles d'avance ce midi… en attendant sans doute demain un nouveau record officiel du WSSRC, celui entre le cap des Aiguilles et la Tasmanie, version officielle du record de l'Océan Indien.
Les 10 000 milles ce soir…
D'ici là, en début de nuit en France, IDEC va passer la barre symbolique des 10 000 parcourus sur la route directe, laquelle mesure très exactement le tour de l'équateur soit 21600 milles. Autrement dit, Francis Joyon est tout près d'avoir déjà couru un demi-tour du monde, ce qu'il fera probablement en plus ou moins 27 jours. Un chiffre à rapprocher du record à battre : 71 jours et 14 heures… Cela aide à relativiser les calmes annoncés. Le départ aujourd'hui du projet concurrent de Thomas Coville sur le même défi planétaire (Sodeb'O doit s'élancer vers 19h ce lundi), lui, est commenté en ces termes par Francis Joyon : « Thomas part aujourd'hui ? C'est sûr que la fenêtre météo doit être bonne en Bretagne. Nous avons des bateaux différents, celui de Thomas est un peu plus grand et donc a du potentiel de vitesse. Un de mes objectifs au départ était de ne pas prendre de handicap par rapport à lui, alors c'est certain que ma trajectoire et mes temps de référence jusqu'ici sont un plus pour le moral».

A 15h30 ce lundi après-midi, IDEC filait toujours vers l'Est à plus de 21 nœuds de moyenne et avait porté son avance sur Ellen MacArthur à plus de 2380 milles, soit la plus grande marge jamais enregistrée depuis son départ de Brest le 23 novembre dernier.