« J´ai à bord un dispositif d´alarme qui me prévient dès que le bateau franchit les 31 nœuds de vitesse » explique d´une voix claire et posée Francis Joyon depuis son grand trimaran IDEC entré hier matin sans le moindre round d´observation dans un rythme de record océanique. « Et toute la nuit, l´alarme a résonné régulièrement dans le cockpit ! ».. Les premières 24 heures de course ont été pour le moins musclées, avec à la clé et malgré deux empannages pour se dégager du Golfe de Gascogne, quelques chiffres très explicites quant au rythme du bateau et aux intentions de son skipper, 423 milles parcourus à 17,72 noeuds de moyenne et, soit dit avec toutes les réserves d'usage, une avance théorique sur Dame Ellen de près de 82 nautiques.
Un début de course satisfaisant
Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour voir le trimaran géant Idec allonger la foulée vers le cap Finisterre. « J'ai eu trois heures un peu molle après avoir quitté Brest » raconte Francis, « Puis le vent est rentré en force… « En force, avec les incontournables irrégularités dues aux passages de grains, parfois violents qui ont poussé le marin de Locqmariaquer à observer toute la nuit une vigilance extrême. « Ce sont des conditions normales pour la saison « poursuit Francis. « Il faut composer avec les oscillations et surtout les accélérations du vent. J'ai donc beaucoup manoeuvré sur le pont depuis le départ, entre trinquette et solent, un puis deux ris dans la grand voile…On peut parler d'une mise en jambe dynamique, avec le stress lié à une navigation côtière ». Un premier empannage six heures seulement après le départ a permis au plan Irens/Cabaret de conserver un bon angle lorsque le vent a pris de l'est, et, à l'approche des côtes espagnoles en milieu de nuit, Francis a déclenché une nouvelle manoeuvre pour mettre cette fois cap résolument à l'ouest et parer ce matin la pointe occidentale de la péninsule Ibérique. Le tableau de marche envisagé depuis la terre avec Jean-Yves Bernot est parfaitement respecté avec une progression qui place d'entrée Francis Joyon légèrement (plus de 80 milles) en avance sur le rythme de Castorama en 2005, un rythme pourtant déjà unanimement considéré comme très élevé.
Sans transition…
Francis Joyon n'a donc guère fermé l'œil en ces heures toujours cruciales de début d'aventure autour du monde. Entre nécessité de gagner rapidement des milles sur la route et gestion toujours délicate de sortie du golfe de Gascogne en cette fin d'automne, Francis s'est mis aux petits soins pour son bateau. « Il est important de constamment vérifier le matériel, de contrôler les points d'usure potentiels afin de se donner pleine confiance en la capacité du bateau à encaisser de plus en plus d'efforts. » Les conditions, entre le vaste anticyclone qui s'étend depuis le nord des Açores, et la dépression centrée sur le Maroc, proposent un vaste couloir de vent fort bien orienté dans le tableau arrière d'IDEC et dans lequel Francis s'engage avec appétit. « C'est maintenant qu'il faut engranger le maximum de milles. Le vent varie entre 34 et 27 nœuds de secteur Nord Est, des conditions très intéressantes pour Idec. Les conditions à venir sont très favorables et nous devrions continuer à aller vite… »
Francis Joyon et IDEC auront jusqu'en milieu de nuit prolongé le long bord vers l'ouest entamé depuis la cap Finisterre. En se dirigeant toujours à vive allure, plus de 22 noeuds, droit sur l'Archipel des Açores, le grand trimaran rouge s'est peu à peu éloigné de la route théorique directe.
Son avance virtuelle et tout aussi théorique sur la trajectoire suivie en 2005 par Ellen Macarthur a ainsi fondu pour ne plus représenter à 4 heure ce matin qu'une poignée de milles. Au même moment, Francis choisissait d'empanner, de changer d'amure au vent arrière, et de pointer à nouveau les étraves du multicoque géant vers le Sud Sud Ouest et la route de l'équateur. A une vitesse toujours aussi soutenue, il accumule depuis des milles "efficaces" sur la route. Loin au large par le travers de Lisbonne, Francis profite d'un couloir de vent soutenu tout en évitant et c'était bien là le but des manoeuvres stratégiques de la nuit, les 30 noeuds et plus qui soufflent dans le sud du Portugal. Les chiffres défilent toujours à grand débit au compteur du plan Irens/Cabaret ; 744 milles avaient à 9 heures ce dimanche matin déjà été parcourus à 16,22 noeuds de moyenne. Une moyenne qui devrait de nouveau s'envoler aujourd'hui. Francis est en effet "flashé" depuis son empannage de la nuit à plus de 23 noeuds de moyenne sur les dernières 4 heures...
dimanche 25 novembre 2007
JOYON À FOND D'ENTRÉE DE JEU !
Publié par vie-project à 3:07 PM
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