mercredi 19 décembre 2007

AUTOUR DU MONDE (2)

SODEB'O FACE À 50 NOEUDS
Moins de 24 heures après son départ de Ouessant, le Maxi Sodeb´O a déjà laissé le Cap Finisterre dans son sillage et contourne actuellement une dépression à l´Ouest du Portugal. A 16h30, le trimaran avait parcouru plus de 400 milles, à la vitesse moyenne de 21,9 nœuds. La météo tient ses promesses. Après une nuit tonique et un « coup de foudre » imprévisible à l´aube, Thomas Coville se prépare à affronter 45-50 nœuds de vent dans les prochaines heures, avec des creux de 5 à 6 mètres.

La voix est claire depuis le large. Le chrono tourne depuis 19h43’21’’ hier soir et le skipper de Sodeb’O est déjà bien dans sa peau de marin solitaire : « après la ligne, j’avais la tête comme dans un étau avec toute l’émotion du départ. Je ne me trouvais pas brillant en manœuvres mais je suis vite entré dans « mon » monde et il le faut. Tu dois être tout de suite dans le match sinon tu peux vite faire une bêtise. » __La foudre s’abat sur le mât _Malgré l’exigence de la fenêtre météo choisie par Thomas et son équipe, le trimaran de 105 pieds a tracé une diagonale parfaite à travers le Golfe de Gascogne, dans un vent d’Est-Nord Est oscillant de 17 à 31 nœuds. Ajouté à la mer courte et au trafic maritime, le skipper n’a pas dormi et s’est surtout fait une sacrée frayeur au lever du jour : « vers 6h30 ce matin, nous sommes passés sous un gros amas nuageux avec 45 nœuds de vent dans le grain et j’ai pris la foudre en tête de mât ! Ça a « cramé » la girouette mais un fusible a protégé l’électronique et les instruments. Je ne vois pas d’explication et cela aurait pu être bien pire. Je monterai changer la girouette dès que les conditions le permettront . » __Corps à corps en prévision _Une accalmie a permis à Thomas de dormir pour la première fois cet après-midi et de préparer l’approche du centre dépressionnaire qu'il contourne au large des côtes portugaises. Le vent pourra atteindre 50 nœuds en rafales, avec un empannage à effectuer en milieu de nuit : « La température est montée à 14 degrés, c'est donc plus agréable. Je charge actuellement les batteries du bord. Je vais dormir encore cet après-midi et mon repas de ce soir est déjà prêt. Dès le départ de ce record, nous savions que nous aurions deux nuits difficiles à passer avant de retrouver une situation météo plus classique. Cela va déterminer beaucoup de choses pour la suite. » __Malgré cette entrée en matière "musclée", le skipper se déclare « heureux à bord de ce bateau qui ne s’arrête jamais dans la vague mais passe sans effort avec un mouvement toujours très beau à voir. Une vraie sérénité pour moi, même surtoilé, je suis en confiance ».

9 JOURS, 12 HEURES ET 3 MINUTES : JOYON EXPLOSE LE RECORD DE L'OCÉAN INDIEN
A 9h06 heure française ce matin, le maxi trimaran IDEC a coupé la verticale de South East Cape, en Tasmanie. Francis Joyon a ainsi atomisé le record de la traversée de l'Océan Indien en solitaire en 9 jours, 12 heures et 3 minutes. C'est trois jours et près de 7h de moins que le précédent chrono que détenait Ellen MacArthur. Hallucinant.

Neuf jours et demi pour avaler l'océan le plus redouté des marins. On a bien lu. A bord de son trimaran IDEC à la poursuite du record planétaire, Francis Joyon vient de pulvériser un nouveau chrono mythique, celui de l'Océan Indien en solitaire. Il améliore de trois jours six heures et cinquante-quatre minutes le temps de référence jusqu'ici détenu par Ellen MacArthur. Jamais un être humain seul sur une machine à voiles n'était allé aussi vite dans ce Grand Sud, en taillant sa route entre les célèbres et terrifiants Quarantièmes Hurlants et Cinquantièmes Rugissants. Il ne faut pas s'y tromper : c'est un exploit totalement hors du commun que vient encore de réaliser Francis Joyon. Le WSSRC, instance officielle des records océaniques, devrait officialiser rapidement sur les tablettes ce nouveau chrono, après celui des 24 heures. Une haute distinction de plus pour celui qui détient aussi désormais les meilleurs temps de passage à l'Equateur, à Bonne Espérance, à Leeuwin. Jusqu'ici, c'est grand chelem absolu pour le skipper d'IDEC, à la modestie inversement proportionnelle à la performance. « Je fais mon boulot de marin, c'est tout, tu vois… » dit Francis.__A 59 minutes d'Orange II…_On a bien compris. Un des aspects du boulot de Monsieur Joyon était donc ce matin de couper la longitude 146°49 Est, soit la verticale de South East Cape, en Tasmanie. Ce qu'IDEC a donc fait, à 20 noeuds de moyenne, en cherchant toujours à prendre de l'angle dans une vent trop plein arrière à son goût. Grand seigneur, Francis Joyon a laissé à l'équipage de l'Orange II de Bruno Peyron le record absolu pour… 59 minutes. Il ne sera donc pas écrit que cet homme veut tout pour lui. « C'est sûr que mes temps de passage et les records glanés sur la route sont un plus pour le moral », avouait tout de même hier Francis Joyon, au moment de la vacation radio. On le comprend. Mais ce qui l'intéresse surtout, c'est « que ce passage marque la frontière, la véritable entrée dans le Pacifique» . Ce Pacifique au bout duquel il y a le Cap Horn, synonyme de remontée à la maison.__Un anticyclone aux fesses_Ce Pacifique qui pourrait ne pas être très accueillant dans les jours qui viennent, non pas à cause de sa fureur - pour une fois - mais à cause d'une menace de calmes. Explication du météorologue Jean-Yves Bernot, routeur d'IDEC : « dans les trois jours qui viennent, tout le jeu pour Francis est de cavaler devant une dorsale anticyclonique et de ne pas se faire reprendre par elle. Cela peut bien se passer. Pour l'instant il faut courir devant… » ._Autrement dit, après avoir avalé l'Indien avec une dépression aux fesses, Francis Joyon entame donc le Pacifique avec un anticyclone derrière lui !. Mais le constat est le même : il faut foncer devant le danger, ne pas se faire mordre. Il y a quelques jours, Joyon plaisantait à ce propos : « peut être que si on lâchait des chiens enragés aux fesses des marathoniens, ils courraient plus vite ?» Jusqu'ici Francis a gardé tous ses fonds de pantalon intacts.

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