mardi 22 avril 2008

AG2R : FORTISSIMO



Ils prévoyaient un début de course tranquille, mais dame météo adore déjouer les pronostics. Loin des espoirs de nuit délicieuse à charger les accus et laisser glisser le voilier tout seul, les 26 tandems de la Transat AG2R ont connu une première nuit virile… Par un vent de Nord-Ouest de 30 à 35 nœuds, les chevauchées sous spinnnaker ont affolé les compteurs et éprouvé les organismes. Comme par un fait exprès, les gros bras pointent déjà aux avant-postes.

Golfe de Gascogne express… Au pointage de 11 heures, les concurrents avaient déjà avalé plus de 200 milles en moins de 20 heures. Pour tenir de telles moyennes, cela signifie que les pointes à 13 – 14 nœuds sont fréquentes, qu'il faut naviguer avec un pont balayé en permanence par les vagues. A ce petit jeu, deux équipiers ne sont pas de trop… Sous la pleine lune, les duos de la transat AG2R ont vécu leur première nuit blanche, se reposant par bribes, entamant déjà une part de leur capital sommeil. Pourtant, les heures à venir ne laisseront que peu de répit aux navigateurs avec un passage du Cap Finisterre particulièrement délicat à négocier : vent basculant au sud-ouest puis nouveau retour d'un vent d'ouest mollissant. Autant dire que la prochaine journée risque d'être déjà décisive.


Reprendre le rythme
Après cette entrée en lice pour le moins musclée, il s'agit de profiter de la relative accalmie dont disposent les équipages pour se reposer, grappiller des minutes de sommeil. Il s'agit surtout de rentrer dans le rythme qu'impose une course transatlantique : faire confiance à son partenaire, savoir lâcher la pression tant que c'est possible, anticiper les choix stratégiques. A chacun sa méthode : quand certains optent pour la démocratie participative avec implication des deux navigateurs dans les décisions, d'autres préfèrent une division toute taylorienne des tâches. A bord de quelques bateaux, l'organisation se forge au fur et à mesure des milles laissés sous la quille. A contrario, certains équipages en pincent pour le « double solitaire », à croire qu'il n'auront fait que se croiser à bord pendant trois semaines. La vérité est bien souvent loin de ces extrêmes qui ne sont que des raccourcis commodes pour des marins pas toujours enclins à dévoiler l'intimité de leur fonctionnement.

Stratégies croisées
Comment s'étonner, dans ces conditions, de retrouver en tête de la course, quelques uns des gros bras du circuit Figaro-Bénéteau. Au pointage de 17 heures c'est le tandem Troussel – Pratt (Financo) qui mène la danse devant Morvan – Le Cam (Cercle Vert) et Tabarly – Biarnes (Athéma). Il reste que l'approche du Cap Finisterre va déterminer les stratégies à venir. Cercle Vert, le plus au sud attendra certainement la bascule au sud-ouest pour se recaler. A l'autre bout du plan d'eau Gedimat d'Armel Tripon et Dominic Vittet, positionné très à l'ouest ne laisse pas d'interroger une bonne partie de la flotte. Quand on connaît les talents de navigateurs de Dominic et le sens du jeu d'Armel, on se dit que ces deux là ne sont pas partis sur une option aussi radicale par hasard. Les deux navigateurs sont restés muets à la vacation de midi. Choix stratégique, petit souci technique que l'on veut cacher à l'adversaire ? La navigation à la voile comporte une part subtile de stratégie, mais aussi d'ascendant psychologique. Entre la part du bluff et les convictions profondes il y a parfois un monde et il n'est pas toujours facile de déceler le vrai du faux. Réponse dans les jours à venir.

Ils ont dit :
Erwann Tabarly, Athéma, 3ème
« On n'a pas pu beaucoup dormir, car les conditions météos demandaient d'être très vigilants. Pour Vincent, c'est sa première Transat. On n'a pas encore pris le rythme d'une course au long cours, mais les choses vont se caler… »

Thomas Rouxel, Défi Mousquetaires, 7ème

« On a plusieurs bateaux à vue. Le classement n'est pas encore révélateur, la flotte est très groupée. Nous avons du bricoler une bonne partie de la nuit pour réparer nos chandeliers tordus suite à notre abordage par un autre concurrent. »

Gildas Morvan, Cercle Vert, 2ème
« Pour l'heure, ça se passe bien. La nuit a été un peu humide, mais là, on a du soleil, c'est agréable. Pour le reste on est plutôt content… »

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