Voir en Dee Caffari, alors qu'elle s'élance dans la Transat anglaise, la nouvelle Ellen MacArthur, vainqueur de l'épreuve en 2000, est un raccourci tentant. A 35 ans, la Londonienne a pourtant tracé sa route de manière toute personnelle. Sa notoriété, elle l'a acquise sur un coup d'éclat : en mai 2006, elle est devenue la première femme à boucler un tour du monde en solitaire et sans escale contre les vents et les courants dominants en 178 jours, sur un monocoque en acier de 22 mètres.
De Plymouth à Boston
Parcours. La Transat anglaise part le 11 mai de Plymouth (Royaume-Uni). L'arrivée est prévue à Boston (Etats-Unis).
Concurrents. 13 monocoques de 60 pieds (18,28 m) : Unai Bazurko (Pakea Bizkaïa), Arnaud Boissières (Akena Veranda), Yannick Bestaven (Cervin), Dee Caffari (Aviva), Samantha Davies (Roxy), Yann Elies (Generali), Michel Desjoyeaux (Foncia), Marc Guillemot (Safran), Sébastien Josse (BT Ellen), Armel Le Cléac'h (Brit Air), Loïck Peyron (Gitana Eighty), Vincent Riou (PRB), Steve White (Spirit of Weymouth). La course compte aussi 10 monocoques de 40 pieds.
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Cette performance a été revendiquée quelque temps plus tard par Maud Fontenoy. La Française a assuré qu'elle ignorait qu'une autre navigatrice l'avait déjà accomplie. L'incident a fait sourire l'Anglaise, qui avait reçu de Fontenoy durant son périple un message d'encouragement. Elle a vite oublié tout ça, trop heureuse d'avoir convaincu son partenaire, la compagnie d'assurances Aviva, de l'épauler pour participer à une vraie course "dans le bon sens" : le Vendée Globe.
Pour ce tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, qui met aux prises les coureurs au large les plus culottés de la planète mer tous les quatre ans, Dee Caffari a décroché un confortable budget et fait construire un voilier compétitif. C'est dans cette épreuve qu'Ellen MacArthur avait crevé l'écran en 2000-2001, époustouflante dauphine de Michel Desjoyeaux.
Née au nord de Londres, Dee a d'abord navigué sur la Tamise, avec le bateau à moteur de son père. Elle se cantonnait alors au ski nautique ou au windsurf. Puis elle a mis les voiles pour passer ses diplômes de skipper professionnel. "J'adorais enseigner, explique cette ancienne professeur de sport, mais c'était comme d'avoir le parfait boulot bien cadré trop tôt dans ma vie."
LA FEMME-GRENOUILLE
A l'aube du Vendée Globe 2000-2001, elle a rejoint l'équipe de Mike Golding. Son job ? Maintenir le bateau de son méticuleux compatriote propre comme un sou neuf. Impressionné par l'efficacité de cette femme-grenouille, le staff de Michel Desjoyeaux lui demande alors de récurer à ses heures perdues la coque du Finistérien. "Je le faisais aux aurores pour que Mike n'en sache rien, s'amuse Dee Caffari, et j'ai peut-être contribué à la victoire de Mich' Desj'."
La soirée en l'honneur des skippers du Vendée Globe impressionne la jeune Anglaise. "Ils m'y sont apparus comme des rock-stars et j'ai décidé que si je continuais à travailler dans ce milieu, je voulais y réussir quelque chose de grand", raconte-t-elle. Mike Golding lui recommande d'engranger des milles nautiques d'abord. Elle n'y va pas par quatre chemins. Elle passe les sélections pour devenir skipper d'un des monocoques de 22 mètres du Global Challenge. Cette étonnante course autour du monde en équipage et par étapes inventée par Sir Chay Blyth, dont la dernière édition eut lieu en 2004-2005, est ouverte aux débutants. Premier homme autour du monde en solo à la voile contre les vents et les courants dominants en 1971, en 292 jours, Sir Chay a détenu ce record jusqu'aux 161 jours de Mike Golding en 1994.
SUR SES PROPRES TRACES
"Le Global Challenge a été presque davantage un exercice de management humain, qui m'a aguerrie pour mon actuel projet, qu'un travail de navigatrice", sourit Dee Caffari au souvenir de ses 17 membres d'équipage et de leurs dix mois de navigation autour du globe en sept étapes. "Le plus jeune avait 23 ans, le plus âgé 60, certains n'avaient jamais mis les pieds sur un voilier et d'autres pensaient qu'ils savaient naviguer, et on avait seulement trois longs week-ends pour faire connaissance et prendre en main le bateau..."
A l'escale du Cap, en Afrique du Sud, Sir Chay souffle à Dee Caffari qu'il sent qu'une femme ne tardera pas à marcher sur ses propres traces dans le "tour du monde à l'envers". "J'ai cru qu'il avait trop bu, mais l'idée s'est tout de suite mise à germer", dit-elle.
Les 7 000 milles de l'étape suivante entre Le Cap et Boston, aux Etats-Unis, scellent sa décision. "L'équipage avait survécu aux mers du Sud et quasiment bouclé un tour du monde. Il se croyait invincible, et a commencé à remettre en question chacune de mes décisions, rit-elle. C'est alors que j'ai compris qu'y aller toute seule, même contre vents et courants serait bien plus facile."
Sir Chay, séduit, fournira le bateau. Reste à trouver un budget. Novice, elle demande un avis à Patrick Snowball, un des patrons d'Aviva, fin navigateur de sa connaissance. "Tu es folle mais ton timing est bon", répond-il, acceptant d'aider le dossier à brûler quelques étapes.
La compagnie d'assurances sera gagnante, quelle que soit la place à laquelle Dee Caffari boucle le prochain Vendée Globe qui s'élancera des Sables-d'Olonne (Vendée) le 9 novembre, si elle décroche son sésame lors de cette Transat anglaise - il lui faut pour cela arriver à Boston. Dee Caffari deviendrait en effet la "première-solitaire-autour-du-monde-dans-les-deux-sens".
Source : Le Monde
http://www.avivaoceanracing.com
vendredi 9 mai 2008
AVIVA : Dee Caffari, dans le sens des vents
Publié par vie-project à 3:07 PM
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