Ecole sans issue pour élèves hors-circuit
Exclus pour indiscipline ou mal orientés, ils quittent le système sans qualification.
C'est une histoire de révolte, de découragement et d'impuissance combinés. Elle toucherait 32 500 élèves qui, pour diverses raisons, sont déscolarisés. Au total, 160 000 élèves sortiraient chaque année du système éducatif sans aucune qualification, selon les plus récentes évaluations de l'Education nationale. Là commence le trompe-l'oeil. Car cette histoire se raconte sous le titre générique de «déscolarisation» alors qu'à écouter les acteurs de terrain comme à lire les chercheurs, le mot ne souffre que le pluriel.«Avant tout un symptôme qui ne parle pas seulement de l'école, mais surtout des familles et des trajectoires des individus
Comment expliquer que des élèves ne trouvent pas leur place à l'école?
Les processus de déscolarisation sont complexes. Ce qui se passe dans la famille, à l'école ou dans le quartier, est profondément imbriqué. On constate que des élèves de milieux populaires sont progressivement satellisés de l'école ou du collège, puis évacués. Ils n'ont pas disposé du soutien nécessaire pour mener à bien leur scolarité, ni dans leur entourage familial, ni dans l'école. On parle trop facilement de «démission des parents»; il s'agit plus sûrement de désarroi. Un jeune sorti de l'école avant 16 ans interroge tout autant l'institution scolaire. Parfois, le jeune n'y a tout simplement pas de place: pas d'établissement où s'inscrire, ou bien on l'oriente dans une filière qu'il refuse. Il arrive aussi que le jeune ne trouve pas sa place à l'école, qui reste à ses yeux un lieu étrange, illisible, où il ne se sent pas bien, dont il ne saisit pas le sens.
Reste qu'être élève confère un statut social. Sans l'école, peut-on vraiment s'intégrer ?
Il est vrai qu'aujourd'hui, l'enfant ou l'adolescent qui ne bénéficie pas du statut d'écolier, de collégien ou de lycéen, est hors norme, marginalisé. Cela inquiète d'autant plus que l'instance de socialisation qu'a été le monde du travail ne joue plus ce rôle pour eux. L'école est devenue l'instance majeure de socialisation des jeunes. Mais quand on se sent disqualifié par l'institution scolaire, on a tendance à la disqualifier à son tour, pour surmonter l'épreuve et retrouver une confiance en soi
Ces situations sont-elles irréversibles?
Des dispositifs de rescolarisation existent, dans l'école ou sa périphérie. Notre société est certes marquée par l'hégémonie de l'école et du diplôme, mais les jeunes doivent pouvoir y accéder, même s'ils ont un temps rompu les amarres. On peut également admettre que certains jeunes trouvent leur place en dehors de l'école.
Exclus pour indiscipline ou mal orientés, ils quittent le système sans qualification.
C'est une histoire de révolte, de découragement et d'impuissance combinés. Elle toucherait 32 500 élèves qui, pour diverses raisons, sont déscolarisés. Au total, 160 000 élèves sortiraient chaque année du système éducatif sans aucune qualification, selon les plus récentes évaluations de l'Education nationale. Là commence le trompe-l'oeil. Car cette histoire se raconte sous le titre générique de «déscolarisation» alors qu'à écouter les acteurs de terrain comme à lire les chercheurs, le mot ne souffre que le pluriel.«Avant tout un symptôme qui ne parle pas seulement de l'école, mais surtout des familles et des trajectoires des individus
Comment expliquer que des élèves ne trouvent pas leur place à l'école?
Les processus de déscolarisation sont complexes. Ce qui se passe dans la famille, à l'école ou dans le quartier, est profondément imbriqué. On constate que des élèves de milieux populaires sont progressivement satellisés de l'école ou du collège, puis évacués. Ils n'ont pas disposé du soutien nécessaire pour mener à bien leur scolarité, ni dans leur entourage familial, ni dans l'école. On parle trop facilement de «démission des parents»; il s'agit plus sûrement de désarroi. Un jeune sorti de l'école avant 16 ans interroge tout autant l'institution scolaire. Parfois, le jeune n'y a tout simplement pas de place: pas d'établissement où s'inscrire, ou bien on l'oriente dans une filière qu'il refuse. Il arrive aussi que le jeune ne trouve pas sa place à l'école, qui reste à ses yeux un lieu étrange, illisible, où il ne se sent pas bien, dont il ne saisit pas le sens.
Reste qu'être élève confère un statut social. Sans l'école, peut-on vraiment s'intégrer ?
Il est vrai qu'aujourd'hui, l'enfant ou l'adolescent qui ne bénéficie pas du statut d'écolier, de collégien ou de lycéen, est hors norme, marginalisé. Cela inquiète d'autant plus que l'instance de socialisation qu'a été le monde du travail ne joue plus ce rôle pour eux. L'école est devenue l'instance majeure de socialisation des jeunes. Mais quand on se sent disqualifié par l'institution scolaire, on a tendance à la disqualifier à son tour, pour surmonter l'épreuve et retrouver une confiance en soi
Ces situations sont-elles irréversibles?
Des dispositifs de rescolarisation existent, dans l'école ou sa périphérie. Notre société est certes marquée par l'hégémonie de l'école et du diplôme, mais les jeunes doivent pouvoir y accéder, même s'ils ont un temps rompu les amarres. On peut également admettre que certains jeunes trouvent leur place en dehors de l'école.
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