Il est là et bien là. Il s’établit et permet aux monotypes du Sud d’allonger la foulée. Ils ont tous renversé la vapeur : ils gagnent de nouveau du terrain. Au Nord, Financo qui n’est pas localisé mais qu’on subodore toujours en tête a du souci à se faire. A l’arrière dans les classements, le gros des troupes a passé la surmultipliée. Une course de vitesse est lancée et les paris sont ouverts. Qui des plus radicaux ou des plus modérés vont le mieux récupérer les milles misés pour attraper coûte que coûte ce cher alizé ?
En haut de l’échiquier de l’Atlantique, une nouvelle dépression impose le rythme. Dans des vents soutenus et une mer hachée, engoncés dans leurs bottes et leurs cirés, Financo, Athema, Défi Mousquetaires et Atlantik FT peinent à progresser vers les tropiques. Sans compter qu’après 14 jours de course âprement disputés, la fatigue s’est inévitablement invitée à bord. Elle vient noircir le tableau des bateaux du Nord.
Plus au Sud, c’est une toute autre histoire. Les équipages ont démarré, ils ont tous enclenché la vitesse supérieure. Ils filent à fière allure, entre 8 et 10 nœuds, et se laissent glisser vers l’arrivée. Ils ont mangé leur pain noir et se régalent de la délicieuse et inimitable saveur de ce flux de Sud-Est. Les spis gonflés d’espoir, ils dévalent dans des surfs mérités. Que demander de plus ? Le décor est planté. L’alizé est arrivé, allons-y…
Financo en tete a 1500 milles de l'arrivee
Il est nommé désir au Sud. Au Nord, on le déteste sans le connaître. Son indécision pourrait faire le bonheur des centristes sur la route du milieu. Généré par un anticyclone, il est le juge de paix de la 9ème Transat AG2R. Mais diable, que fait l'alizé ? Au classement de 5 heures ce dimanche, les nordistes tiennent toujours tête au près. Mais, plus de 800 milles plus bas, sur les chemins détournés de la longue route du soleil, les monotypes les plus excentrés, accélèrent. Cette fois, ça y est, l'alizé est arrivé ! Une nouvelle course de vitesse est lancée…
À l'aube ce dimanche, et à 1500 milles de l'arrivée pour les premiers, seules les vitesses des 23 Figaro Bénéteau en course sur la route de Saint Barth peuvent éclairer la lanterne de la course et la lecture des classements. Au Nord, à l'Ouest et en tête, rien de nouveau, ou presque. Financo, Athema et Défi Mousquetaires, au plus proche de la route directe, sont toujours vus d'un très bon œil par Argos. Rajoutez Atlantik FT, Groupe Celeos et Degremont Suez Source de Talents et voilà le groupe des six bateaux qui se tiennent en 80 milles. En haut du plan d'eau, ils poursuivent vaille que vaille, penchés et face à des vents contraires, leur progression vers la douceur tropicale. Ils ont l'avantage d'optimiser leur trajectoire. Premiers sur le papier et forts des milles d'avance qu'ils ont laborieusement accumulés au près, ils savent néanmoins que de sérieux chamboulements sont à prévoir ce dimanche.
Les spis de sortie
Il est bien là et il pourrait leur donner des ailes ! La nouvelle nous vient de Suzuki Automobiles qui confirme l'avoir attrapé dans ses voiles… pour ne plus le lâcher ! Le spi et le moral gonflés par ce souffle salvateur qui promet de les propulser jusqu'à Saint Barth, Thierry Chabagny et Corentin Douguet ont le pied au plancher. Pour les deux pilotes du bord, une course de vitesse est lancée. Tous les indicateurs sont au beau fixe. 11ème à 271 milles des premiers, Suzuki Automobiles accélère. Aux abords des 22 degrés de latitude Nord où progressent aussi Cercle Vert, Banque Populaire, Sopra Group et Lenze, les speedos ont repris des couleurs depuis hier. Tous ces Figaro Bénéteau progressent à 7-8 nœuds…
Tout en bas, sur la route du soleil, les affaires reprennent aussi pour les six bateaux engagés sur ces chemins détournés. La pétole, c'est désormais de l'histoire ancienne. Dans ces parages, il fait chaud, il fait beau. C'est parti pour des grandes glissades à 8-9 nœuds avant que les choses et le rythme ne s'accélèrent encore. Seule ombre à ce tableau de rêve : il reste entre 2000 et 1900 milles à parcourir pour rejoindre la douceur tropicale de Saint Barthélemy…
Ils ont dit…
ATHEMA – Erwan Tabarly – 2ème au classement de 5h
« Je viens de voir le classement : c'est bien, on a bien avancé. Par contre on regarde Cercle Vert et on se dit que c'est un peu moins bien pour nous, on espérait qu'il resterait collé un peu plus longtemps… Mais ça y est, ils sont sur la route des alizés, ça commence à être chaud pour nous!
On a 20/25 nœuds de vent, on est au près débridé. Il y a un peu de mer, ça va vite, on avance à 7 nœuds environ. Jusqu'à maintenant, on a engrangé un maximum de milles par rapport aux bateaux du Sud. À présent, on s'apprête à en perdre durant la phase de transition, avant de réussir à toucher les alizés. Mais bon, c'est comme ça, c'était prévu… À nous de ne pas perdre trop de temps. Nous avons mis le cap vers l'Ouest car une seconde dépression avec des vents de Sud-Ouest arrive. On fait de l'Ouest en bâbord. Le vent va monter dans la matinée, on va avoir jusqu'à 25/30 nœuds, puis ça va mollir. Nous avons enlevé le génois il y a 3 heures pour mettre le Solent. On n'arrête pas les changements de voiles. Dans le Nord, on est bien rodé ! On a un petit problème de moteur depuis hier soir, on ne peut pas charger les batteries, ni utiliser le pilote. Il va donc falloir mettre le nez dedans : on va faire un peu de mécanique. En tout cas nous allons bien, c'est la forme, on tient le coup… »
SUZUKI AUTOMOBILES – Corentin Douguet – 11ème au classement de 5h
« Tout va bien. On a sorti le spi du sac depuis hier soir et il ne devrait pas y retourner avant St Barth. C'est hyper agréable, ça glisse. Nous sommes très contents : ça comment à ressembler à une vraie Transat AG2R ! Actuellement on touche le début de l'alizé, on va accélérer et la route devrait s'infléchir vers l'ouest au fur et à mesure. Le groupe du Nord navigue dans des conditions très différentes, ils ne font plus partie de la concurrence pour nous, mais on pense à eux…. Nous surveillons plutôt les bateaux qui ont les mêmes conditions que nous. On va essayer de sortir de ce paquet-là. Désormais, il n'y a plus vraiment de stratégie, il faut avancer… C'est parti pour une course de vitesse, mais il ne faut pas croire non plus que c'est l'autoroute et que l'on cale le régulateur de vitesse jusqu'au prochain péage ! L'alizé n'est pas un vent stable, il y a des oscillations, il faut adapter les réglages et être tout le temps dessus. Oui ça commence à tirer sur les organismes, mais maintenant c'est quand même tout confort… C'est bien de ne plus se faire éjecter de la bannette, pourvu que ça dure ! Pour moi, on sortira avant les sudistes. Notre danger c'est Cercle Vert, on les chasse depuis Madère… On est capable d'aller le chercher avant l'arrivée. Ce ne sera pas facile car Le Cam et Morvan ce ne sont pas non plus des régatiers du dimanche ! »
Solarinox, RonanGuerin
SOLARINOX – Ronan Guerin – 17ème au classement de 5h
« Nous sommes sous spi depuis hier soir. Nous avons touché les alizés plus tôt que prévu, hier en milieu d'après-midi. Donc ça va bien, la nuit a été bonne. Là, on navigue à 10/12 nœuds avec 20 nœuds de vent. Ça défile, le bateau surfe, on est en route vers St Barth. Il nous reste moins de 2000 milles avant l'arrivé. Par contre il fait très chaud ! En journée à la barre, c'est parfois très dur. Maintenant, il nous reste à gérer le vent et les petits copains qui sont avec nous (SNEF-Cliptol Sport, ndrl). Nous naviguions encore à vue hier soir; là, on ne les voit plus car on a tiré des bords un peu différents ensuite. Ce sont les concurrents les plus menaçants… »
Très, trop cher alizé ?
L’heure est enfin venue d’obtenir un retour sur investissement. L’éparpillement de la flotte sur l’océan, la diversité des itinéraires empruntés révèlent néanmoins que tous n’ont pas joué les mêmes sommes. Ils n’ont pas misé le même nombre de milles. Au « Grand Sud », sur une route qui les a conduits jusqu’à longer le Cap Vert, les plus radicaux (Concarneau-Saint Barth et Sojasun) ont joué gros. Très gros. Ils ont logiquement touché leurs premiers dividendes plus tôt. Dès hier, ils avaient attrapé l’alizé et accéléré la cadence. Pas étonnant donc qu’Eric Peron et Miguel Danet décrochent le Trophée AG2R de la Performance Solidaire du jour. Concarneau-Saint Barth a parcouru 221,5 milles sur les dernières 24 heures. Pour autant devant leur étrave, il leur reste un bon bout de chemin : plus de 2 100 milles. Il ne leur faut plus traîner…
D’autres extrémistes, les désormais inséparables Solarinox et SNEF-Cliptol Sport, commencent aussi à se renflouer. A l’instar des inconditionnels de la « Longue Route du Sud », ils n’ont pas fait dans la demi-mesure et ont parié cher. Leur somme de départ, le retard accumulé se chiffrait ce matin à 450 milles. En 6 heures, ils ont récupéré une trentaine de milles. Ils progressent à 8 nœuds environ…
De la rentabilité dans l’air ?
Et les autres alors ? Tous les Cercle Vert, Suzuki Automobiles et autres Banque Populaire… Tous ceux-là ont joué, mais modéré leur investissement. Ils ont observé les tendances pour plonger au Sud quand l’horizon se bouchait irrémédiablement au Nord. Aujourd’hui dimanche, eux aussi ont inversé le processus. Finie la grande descente dans les classements, place au retour sur investissement. En 6 heures, ils ont également récupéré la coquette somme d’une trentaine de milles. Ils affichent désormais un retard de moins de 250 milles sur les premiers. Avec des jolies vitesses de 9-10 nœuds au compteur, ils sont partis pour se faire une santé au soleil du classement à vitesse grand V. Rentable leur petite affaire ? Cela en a tout l
dimanche 4 mai 2008
TRANSAT AG2R Combien de milles misés ?
Publié par vie-project à 3:37 PM
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