vendredi 9 novembre 2007

En route vers Madère

Les 30 Class40 de cette 8e Transat Jacques Vabre ont retrouvé un peu de vent depuis hier soir : fini de tirer des bords dans de petits airs evanescents. Pour autant, ce n'est pas encore très violent et c'est poussés par un vent de nord-est oscillant entre 10 et 16 noeuds qu'ils poursuivent leur route vers Madère sous spi. Le but du jeu ? Trouver le meilleur angle pour descendre vers l'archipel portuguais. Pas facile, si l'on en croit les skippers !

" C'était pénible cette pétole et on est bien content de retrouver un peu plus de pression mais surtout des vents plus portants ", avouait Giovanni Soldini, ce matin lors de la vacation. Toujours leader de la flotte - depuis maintenant cinq jours - le skipper de "Télécom Italia" a toutesfois vu le tandem Bruno Jourdren - Nicolas Pichelin revenir à 12 milles de son tableau arrière ce matin : " Ils ont bien joué en faisant le tour par l'ouest mais je n'échangerais pas ma place contre la leur " a ajouté l'Italien, qui poursuit sa descente vers Madère sur une route médiane à l'image de Damien Grimont et Erwan Le Roux sur "Chocolats Monbana" : " On pense qu'on n'est pas trop mal. On se trouve un peu dans dans une position d'attente. Pour l'instant, les bateaux plus à l'ouest ( "Vecteur Plus - Groupe Moniteur, "Sidaction", "A.ST Goupe" ou encore "Clarke Offshore Challenge") glissent dessous mais on attend impatiemment de voir ce qui va se passer dans 24 ou 48 heures. Toute la question est de savoir qui va attraper l'alizé de nord-est en premier " a expliqué le Morbihanais. Pour l'heure, tout l'enjeu pour chacun des 30 duos consiste à se recaler à chaque nouvelle échéance météo - soit toutes les 12 heures - pour rester dans la zone de vent la plus favorable." Actuellement, ce n'est pas facile de descendre mais on essaie de bien faire la route. On attend de voir ce que vont faire les autres bateaux à l'approche de Madère - que les premiers devraient atteindre demain soir - mais une chose est sûre, on va surveiller de près les classements et commencer à marquer nos adversaires. On est nombreux, ça bouge beaucoup et les écarts ne sont pas très importants même s'ils risquent de le devenir, en latéral notamment, dans les prochains jours " a conclut Giovanni Soldini.


Ils ont dit :

Jo Royle sur "Pindar 40" : " Nous savions que nous allions perdre quelques places quand nous avons eu ce problème de grand voile. C’était inévitable dans la mesure où il nous a fallu freiner sérieusement le bateau. Une fois les réparations effectuées, nous avons ensuite eu une journée de tout petit temps. Nous avons maintenant entre 10 et 14 nœuds de vent qui nous permettent de remettre la machine en marche. Nous avons eu deux heures de pétole totale hier ce qui n’arrangeait pas les choses mais, aujourd’hui, nous avons commencé à reprendre quelques places. Ca fait au moins deux jours que nous n’avons pas croisé un seul bateau, et ce même si nous savons que Concise se trouve juste derrière nous. J’aperçois à l’instant un cargo et c’est le premier navire que nous voyons depuis longtemps. Nous avons rencontré quelques dauphins pendant la nuit mais c’est à peu près tout. Nous nous attendons à avoir des conditions similaires au cours du week-end, donc nous allons faire route directe vers les Canaries que nous devrions atteindre d’ici deux jours. Nous sommes en tee-shirt en ce moment, mais s’il fait un peu frais le soir. J’ai même pu me doucher hier quand il n’y avait pas d’air ! "

Christophe Lebas sur "Groupe Partouche" : "Ouf, nous sommes enfin passés clairement sur la face est de la petite dorsale qui est coincée entre la dépression stationnaire des Açores et le continent. Ca commençait à bien faire; depuis le cap Finisterre on est coincé à peu près sur son axe, dans un vent plus faible et plus à gauche (quand on le regarde en face), que nos camarades de jeu. Du coup on a perdu pas mal de terrain et augmenté le latéral, sans autre solution que de continuer à le faire; ce passage a été vraiment laborieux avec un vent parfois inférieur à deux noeuds qui nous a changé de nos belles heures de glisse. Là-dessus, il faut que le vent tienne et que les autres sortent aussi les rames sur l'axe de cette foutue dorsale. Et que ce vent ne nous lâche pas car, si on est au portant, on risque d'y être trop...et d'y rester longtemps. "

Oliver Grassi sur "Grassi Bateaux" : " Eh oui, on est pas encore "has been". On en a encore quelques uns à se goinfrer. Hier, ce fut une journée calme et sans histoire. Eric a fait atelier couture et réparation gennak que l'on a utilisé toute l'après midi et ça a tenu. Ouf ! Il a réparé également le point de tir du bras de spi (ou couille de chat en marin dans le texte ) moi j'ai fait météo dodo bouffe. Hier soir, on a eu le classement : 18e au lieu de 19e et de sérieux resserrages. Tout ça nous a motivés dans nos choix météo et pour gagner quelques places. On a eu un classement à 8 heures ce matin et rien depuis mais y a trois à quatre gars pas loin. Le plus important : on est remonté 13e ! Ca paie et on espère encore plus. Cette nuit ne fut pas si calme car nous avons rencontré des problèmes électriques. En effet, nous ne chargeons pas assez. On a de gros besoins : télé vidéo frigo machine à laver etc... Plus sérieusement l'alternateur service ne fonctionne plus et le spare qui sert au moteur monté avec une possibilité de faire le service s'est dévissé. Oullah, oullah ! Ben oui, si pas d'alternateur moteur plus de pompe à eau moteur donc plus de télé et retour à la maison. Heureusement à bord y a Dédé la bricole (Eric vous l'avez compris) avec sa caisse à outils de psychopathe qui fait quarante douze milles kilos qui nous a sortis d'affaire. Alors pendant le temps de la réparation ( 2h quand même ) j'ai pris la barre, économie d'électricité oblige. C'est dingue ! On la paie pas cette électricité et faut économiser quand même. ZED un concurrent était à notre derrière (1/4 de mille) et a allumé son radar et son AIS pour voir notre cap/vitesse. Je me devais de pas être mauvais cette nuit après la prestation de Dédé. J'ai coupé radar, AIS et feu de mât : hihihi ! Au petit matin y'avait plus personne. On l'a largué voire déposé, voire même enfumé. Maintenant faut attaquer les autres et faire attention que celui-ci ne revienne pas. Finalement on a peut-être bien notre place parmis ces gens-là et ils peuvent compter sur notre présence. Madère, c'est pour dans un jour et demi si la pétole ne nous emmerde pas. Après, les Canaries avec un jour et demi de plus. Ca sent le soleil. D'ailleurs aujourd'hui on est en tongs. Il nous manque le bob et le marcel, on a déjà la canne à pêche. Mais on a pas encore pris le temps de s'en servir et puis si les copains veulent bien qu'on joue avec eux, on ne va pas pêcher de si tôt. Cette course n'est pas mal parce qu'on fait plein de spi et c'est vraiment rigolo."

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