dimanche 11 mai 2008

Artemis Transat : Quatre Farr à l’Ouest



« Il y a quatre modèles différents de plans Farr dans le port de Sutton Harbour ! La première différence vient du gréement puisque deux d’entre eux (PRB et Foncia) sont équipés de mât-aile tandis que BT et Gitana Eighty sont dotés d’un mât classique à trois étages de barres de flèche. Ces deux bateaux ont donc un gréement un peu plus léger puisqu’il faut rajouter de la structure pour les outriggers (barres de flèche au niveau du pont pour écarter le haubanage latéral) d’un mât-aile, mâts qui sont en revanche moins pénalisants en terme d’aérodynamisme. La deuxième différence vient de la puissance puisque BT et PRB ont une hauteur de mât inférieure à celle de Foncia et de Gitana Eighty, donc un peu moins de voilure. Une autre variation touche la largeur de ces quatre monocoques puisque Foncia et PRB sont dix centimètres plus large au pont et quelques centimètres plus larges à la flottaison, donc sont un poil plus puissants que BT et Gitana Eighty. Un quatrième paramètre différentie le monocoque de Michel Desjoyeaux qui possède une quille plus lourde de 200 à 300 kg que tous les autres plans Farr !

Côté agencement du cockpit, trois d’entre eux ont un cockpit similaire avec une goulette venant du pied de mât pour renvoyer les manœuvres au centre avec cinq winches sur le pont, tandis que Michel Desjoyeaux a imaginé une répartition différente avec des goulettes latérales et un positionnement de l’accastillage particulier. Si Sébastien Josse n’a pas encore eu le temps d’installer une protection, les trois autres ont conçu un système à glissière avec une bulle de plexiglas pour se protéger des embruns : si elles diffèrent, on est tous convaincu de leur efficacité.
Côté safran, BT n’a pas eu le temps d’adapter son système pour relever les pelles mais il devrait adopter le principe repris sur Foncia et PRB où les casques s’incrustent dans le tableau arrière. Loïck Peyron a quant à lui des safrans extérieurs au tableau parce qu’il a son système de « trim tab » : la partie arrière de la coque, sous la flottaison, peut s’abaisser de quelques centimètres comme sur certains bateaux à moteur. L’objet est d’allonger artificiellement la longueur à la flottaison dynamique en enfonçant le tableau arrière quand le bateau avance au près et au débridé, afin de régler l’assiette longitudinale du bateau et surtout augmenter la puissance. C’est une carène à géométrie variable…
Sur BT et PRB, nous essayons les « strakes » (moustaches ou littéralement « crampons ») : une excroissance d’une dizaine de centimètres est ajoutée au milieu du bordé entre l’étrave et le pied de mât pour augmenter encore la puissance : quand le bateau gîte parce qu’il navigue chargé, il s’appuie sur ce redan artificiel en générant une poussée verticale, ce qui permet de limiter l’engagement de l’étrave et d’enfoncer l’arrière de la coque, donc de rajouter des chevaux… C’est une réponse à la question : « comment augmenter la puissance d’un bateau sans l’alourdir et sans accroître la surface mouillée » !

Sur cette première partie de The Artemis Transat qui s’annonce côté météo, plutôt molle à modérée et plutôt au portant ou au débridé, il aurait fallu faire un bateau léger avec un grand mât… Ce devrait donc être assez équilibré entre ces quatre versions d’un même concept (plan Farr) : il y a les bateaux, mais aussi tout ce qui va autour, les voiles, la trajectoire, les hommes… Le niveau a augmenté rapidement dans la série des Imoca ces dernières années, et les voiliers récents sont encore en phase de recherche sur la manière d’utiliser ces monocoques, sur la configuration de voilure à adopter, sur les profils de voile.

Nous allons peut-être nous rendre compte à l’issue de The Artemis Transat, que l’un d’entre nous est plus avancé mais nous ne sommes pas encore tout à fait matures sur l’utilisation de ces bateaux… Nous allons découvrir pas mal de choses lors de cette traversée ! Ceux qui ont la chance d’être à Plymouth vont récolter des informations complémentaires pour finir de préparer le Vendée Globe. Car à quelques exceptions près, je pense que les favoris du tour du monde en solitaire sont ici, à Sutton Harbour ! »

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