Ce dimanche, la Transat anglaise s'élance avec douze skippers ayant l'intention de participer au prochain Vendée Globe. L'enjeu est important.
. « Ce n'est pas tout à fait un Everest qui nous attend, souligne ainsi Yann Eliès, mais un Atlantique par la face nord. On s'attend à un combat titanesque, contre les éléments et face à une redoutable concurrence. »
« Conditions très dures »
Beaucoup auront sans doute la victoire en tête ou en tout cas l'envie de bien figurer. Histoire de rassurer, aussi, les sponsors. Mais attention, la Transat anglaise (rebaptisée cette année The Artemis transat) peut causer bien du souci. En cas de casse notamment, la préparation pour le prochain Vendée Globe pourrait être perturbée. Michel Desjoyeaux sait déjà ce qui l'attend : « Les conditions sont extrêmement dures. Le matériel va être très sollicité, sachant que l'on va terminer dans le brouillard et dans le froid. Il y a quatre ans, après la course, j'ai mis à peu près quinze jours à retrouver la totale sensibilité de mes doigts. »
À l'arrivée, il y aura forcément des heureux et des déçus. Jonny Malbon, le skipper d'Artemis, fait déjà partie de cette dernière catégorie car il a dû déclarer forfait par manque de préparation du bateau. Non sans regret : « Cette semaine a été la plus dure de ma carrière. Nous travaillions tous sept jours sur sept, 12 à 14 heures par jour, depuis quelques mois. La sécurité et la nécessité de préparer la suite du programme ont fait que cette décision s'imposait. Mais cela n'estompe pas la douleur que l'on ressent ! » Seule manière de se remettre rapidement : se projeter sur un nouvel objectif. Et cela tombe bien, « le Vendée Globe n'est plus très loin maintenant. »
*Soleil et vent portant modéré seront au rendez-vous pour dimanche à 14h00 locales
*Les nouveaux skippers de 60 pieds confirment que The Artemis Transat est une phase importante dans leur préparation au tour du monde
*Armel Le Cléac’h fête ses trente et un an dimanche pour le départ de la treizième édition
*Le magazine officiel de The Artemis Transat est désormais disponible en ligne :
http://www.theartemistransat.com/solo/fr
*L’inscription à « Liveskipper » est ouverte : l’occasion de vous confronter aux meilleurs solitaires de The Artemis Transat :
http://www.liveskipper.com
Sur les treize solitaires inscrits en classe Imoca, seuls cinq navigateurs ont déjà participé à The Artemis Transat, course mythique qui fut à l’origine de l’engouement du public et des marins français pour la course au large. Si ce parcours de près de 3 000 milles s’annonce paisible dans sa première phase, il n’en sera probablement pas de même en arrivant sur Terre-neuve…
Il y a les vieux « routards », ceux qui enfilent les transats comme des perles à l’image de Loïck Peyron (Gitana Eighty) qui en accumule quarante et une dans sa besace, dont quatre The Artemis Transat ! Ou Michel Desjoyeaux (Foncia) et Marc Guillemot (Safran) qui ont tous deux à leur actif un podium en multicoque dans cette épreuve particulièrement difficile qu’ils ont réalisé deux fois. Ou encore Vincent Riou (PRB) et Sébastien Josse (BT) qui étaient au départ il y a quatre ans en monocoque Imoca… Hommes d’expérience et marins confirmés, leur regard sur cette course face aux humeurs de l’Atlantique Nord est plus pragmatique que celui de leur compagnes et compagnons de route qui vont s’élancer pour la première fois à ce que d’aucuns surnomment « la face Nord du Mont Blanc » !
Une « ascension » qui, si elle a pour but ultime la préparation au Vendée Globe (« l’Everest de la voile »), n’en est pas moins un cap capital à franchir, une dernière étape avant le grand saut, un dernier banc test avant un chantier estival… Plus ou moins expérimenté et surtout plus ou moins en symbiose avec un bateau qu’il découvre encore, ces « nouveaux venus » expriment leurs attentes et leurs interrogations avant le départ de dimanche à 14h00 locales devant le brise-lames de Plymouth…
Arnaud Boissières (Akena Vérandas)
« Lors de la première édition de la transat en 1960, je n’étais pas né ! Mais je me souviens de la deuxième victoire de Loïck Peyron en 1996 : c’est une course mythique pour un navigateur… Il y a eu jusqu’à plus de cent partants et si nous sommes moins nombreux aujourd’hui, le parcours est toujours aussi compliqué. J’ai traversé quinze fois l’Atlantique mais jamais sur la route Nord et je m’attends à ce que ce soit la plus difficile de mes transats. Même si elle est courte, elle est dure ! Psychologiquement partir au portant, c’est cool pour tout le monde et pour moi, c’est plus sympa parce que je sais que mon bateau est moins handicapé par rapport à la nouvelle génération de monocoque de 60 pieds. Ensuite, il y a une dépression à négocier et là, ce sera plus compliqué en terme de vitesse pure… Mais ce sera très enrichissant de naviguer dans la brise en vue du Vendée Globe : pour tous ceux qui sont à Plymouth, l’objectif premier est le tour du monde en solitaire ! The Artemis Transat est une étape importante dans ce projet. Nous allons affronter de la mer forte à cause du Gulf Stream et c’est une préparation logique : c’est le dernier run et ce n’est pas le plus facile ! Etant qualifié pour le Vendée Globe, je suis serein pour cette transat qui est un véritable enjeu sportif avec un très beau plateau et six prétendants à la victoire. Je vais essayer de naviguer à la hauteur du bateau et peut-être me glisser comme une anguille dans une botte de foin… »
Samantha Davies (Roxy)
« Je suis fière de participer pour la première fois à cette transat mythique ! Fière parce que c’est une course anglaise… Fière de défendre les couleurs de l’Union Jack ! C’est génial car Plymouth est une ville magique qui marque l’arrivée de la Fastnet Race, la première grande course à laquelle j’ai participé. J’ai beaucoup de souvenirs de Sutton Harbour : j’espère rester dans les traces de Mike Golding et de Michel Desjoyeaux et je reviendrais pour la gagner un jour… C’est une transat très différente de celles auxquelles j’ai participé : je n’ai jamais fait l’Atlantique Nord d’Est en Ouest et c’est un nouveau challenge pour moi, avec beaucoup d’intérêt sur la stratégie et la météo. J’ai mes cours que je relis tous les jours pour être sûre que je prendrais les bonnes décisions, surtout avec les prévisions compliquées qui sont annoncées… Cela va ressembler fort à un concentré de Vendée Globe avec un peu de portant, une sorte de Pot au Noir au milieu et des glaces à la fin ! Ce sera un bon entraînement avant le tour du monde en solitaire… Surtout si nous avons de la brise contraire. »
Yannick Bestaven (Cervin EnR)
« Normalement, ce n’est pas une transat que l’on pourrait statistiquement qualifier de « sympa », mais là, on va prendre les « alizés du Nord » ! Nous voilà rassurer… Les nouveaux bateaux sont plus rapides que l’ex-Aquitaine d’Yves Parlier mais je suis content parce que nous avons fait un beau chantier pour remettre Cervin EnR en bon état pour The Artemis Transat et le Vendée Globe. Les conditions s’annoncent plutôt mollassonnes au départ et avec nos carènes anciennes, c’est moins pénalisant puisque nous avons un peu moins de traînée que les nouveaux prototypes. Ce serait bien de jouer les trouble-fêtes ! A ce jour, j’ai enchaîné deux transats sur le bateau et cette nouvelle traversée permet d’engranger encore de l’expérience même si je suis déjà qualifié pour le tour du monde : il faut se sentir bien avec son voilier et c’est pour cela aussi que je ferais le retour avec Québec-Saint Malo en équipage. Mon projet a débuté en juillet de l’année dernière, et quatre traversées dans l’escarcelle, c’est parfait. Je suis là pour naviguer avec d’autres bateaux autour de moi… et peut-être voir des glaçons ! Et historiquement, il y a deux transats qui parlent à un marin : The Artemis Transat et la Route du Rhum… »
Armel Le Cléac’h (Brit Air)
« J’habite depuis peu à côté de la maison d’Eric Tabarly et évidemment, The Artemis Transat m’interpelle ! C’est une chance d’être là même si on ne va pas vers le soleil et vers les alizés… Tactiquement, c’est une route très intéressante et nouvelle pour moi. Les situations météo sont beaucoup plus complexes que les transats vers le Sud-Ouest avec des conditions plus difficiles : de la mer formée, du vent fort et contraire, du froid… C’est un bon entraînement pour moi en vu du Vendée Globe et ce sera aussi ma qualification pour le tour du monde en solitaire : c’est mon premier objectif. Ce sera l’occasion de faire le point sur l’état d’avancement de mon bateau et de moi-même : ça ne fait pas un an que Brit Air est à l’eau… Je n’y vais pas pour autant en convoyage parce qu’autrement, je n’apprendrais rien ! C’est une question de curseur parce que j’ai déjà utilisé mon « joker » avec le démâtage dans la transat Ecover-BtoB. Les conditions météo annoncées sont pas mal pour un début de match mais il est probable qu’on se prenne une « cartouche » avant l’arrivée… Et c’est bien parce qu’après, si cela s’est bien passé, je serais forcément plus serein ! Je n’ai pas l’expérience d’un Michel Desjoyeaux ou d’un Loïck Peyron et il faut que je progresse encore. »
Yann Eliès (Generali)
« Bien sûr que ce n’est pas un événement bénin quand il faut traverser en solitaire l’océan Atlantique ! Mais nous allons avoir d’excellentes conditions pour le départ et peut-être qu’ensuite, cela va se dégrader plus sensiblement… Mais je dois avouer que je suis dans mon élément quand il y a du mauvais temps et que cela commence à s’approcher de la survie ! »
Dee Caffari (Aviva)
“Ces monocoques de 60 pieds sont très faciles à mener… mal ! Mais une fois que vous les avez compris et que vous les menez dur comme ils le demandent, c’est tout simplement fantastique ! J’ai déjà cumulé 2 500 milles sur le nouveau Aviva et je suis consciente que j’ai encore beaucoup à apprendre. Mais par-dessus tout, je me sens privilégiée d’être ici, à Plymouth, pour le départ de cette course mythique, face à une flotte impressionnante ! »
Unai Basurko (Pakea Bizkaia 2009)
“Bien sûr que The Artemis Transat est une course importante sur une partie de l’océan Atlantique qui n’est pas la plus facile. J’ai déjà navigué sur ce parcours mais dans l’autre sens, d’Ouest en Est mais j’ai toujours rêvé d’être au départ de cette course ! Et dimanche, c’est une envie de gosse qui va devenir réalité… Je me mets doucement dans le mode « racing » et je crois que je vais dormir sur mon bateau la veille au soir… pour être déjà dans l’ambiance ! »
Echos des pontons
Bon anniversaire, Armel !
Il y a des anniversaires qui marquent plus que d’autres… Le 11 mai 2004, Armel Le Cléac’h et Nicolas Troussel fêtaient conjointement leurs anniversaires (les deux compères sont nés un 11 mai, à trois ans d’écart) dans la liesse en remportant ensemble la Transat AG2R ! Le 11 mai 2008, quatre ans jour pour jour après cette grande victoire, Armel prendra cette fois seul, le départ de The Artemis Transat : « C’est toujours sympa de fêter un anniversaire dans des circonstances un peu exceptionnelles ! C’est sûr qu’en 2004, ça avait été particulièrement fort : une arrivée, une victoire, qui plus est avec Nico… J’aurai évidemment une pensée pour lui dimanche. Il ne sera pas encore arrivé à St Barth et ne réalisera probablement pas le doublé mais il a fait une très belle course. Pour ma part, ce sera cette fois un départ et pas une arrivée, mais ce sera en tout cas là encore, un moment très important dans ma carrière… » Né le 11 mai 1977 à Landivisiau, Armel Le Cléac’h (Brit Air) est le plus jeune des skippers de 60 pieds Imoca engagé dans The Artemis Transat.
Tendance météorologique
A la veille du départ de The Artemis Transat, dimanche 11 mai à 14h00 locales, les prévisions météorologiques laissent entendre que les vingt-quatre concurrents vont devoir composer avec deux régimes météo : d’abord une « situation de blocage » avec une poussée anticyclonique entre des dépressions nombreuses mais peu marquées, puis un « régime zonal » avec un train de dépressions se présentera en fin de semaine au large de Terre-Neuve et que les concurrents ne pourront pas forcément contourner par le Nord… Les monocoques de 60 pieds auront donc du pain sur la planche tactique car dès les premiers milles, le choix d’une route plus ou moins proche de l’orthodromie (route directe) sera déterminante pour toute la traversée de l’Atlantique. Pour les 40 pieds, la problématique n’est pas la même car le différentiel vitesse est suffisant (surtout au portant) pour que la situation au milieu de l’Atlantique soit très différente de celle des Imoca et donc la fin de parcours s’annonce plus agitée pour eux que pour leurs grands frères…
Deux primes… à bord
A l’occasion du départ de la treizième édition de The Artemis Transat, le prix Omega (une montre Seamaster) sera attribué au premier monocoque de 60 pieds qui franchira la longitude du phare d’Eddystone, à 9,4 milles de la ligne de départ de Plymouth. Le prix Mumm (la taille du skipper en caisse de bouteilles de champagne) sera remis au solitaire qui effectuera le parcours entre le phare d’Eddystone et la longitude du cap Lizard, le plus rapidement, soit 39,4 milles.
dimanche 11 mai 2008
Imoca et Artemis Transat
Publié par vie-project à 6:58 AM
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire