dimanche 11 mai 2008

ARTEMIS TRANSAT : VERS LA LIGNE



La première partie du parcours de The Artemis Transat s’annonce plutôt rapide avec un flux généralement orienté au secteur Est et les premiers monocoques Imoca sont attendus au niveau de Terre-Neuve au bout de huit jours de mer. Mais la suite se présente plus dure voir violente avec une succession de dépressions contraires à négocier…
A quelques heures du départ de ce dimanche à 14h00 locales, les prévisions météorologiques s’affinent pour visualiser l’ensemble du parcours de près de 3 000 milles en route directe (orthodromie) entre Plymouth et Boston… Sous un soleil généreux, une température estivale et une jolie brise de secteur Est d’une dizaine de nœuds, le départ devant le brise-lames de Plymouth devrait être superbe avec une descente vers le phare d’Eddystone (à 9,4 milles) plutôt rapide (moins d’une heure) pour les treize monocoques Imoca. La suite devrait être un peu plus délicate pour les solitaires qui, sous spinnaker maxi (400 m²), vont devoir composer avec un vent passant de l’Est-Sud-Est au secteur Nord en mollissant 2 à 7 nœuds… Comme la marée descendante s’inverse vers 18h00 locales, les navigateurs ne devront pas mollir pour passer le cap Lizard avant que le courant de marée montante (coefficient 62) ne devienne opposé à leur route vers Boston !
Mais durant cette première nuit de course, la brise va de nouveau se renforcer 10-15 nœuds à la tombée du jour, puis mollir encore en revenant vers l’Est-Nord-Est 7 à 12 nœuds lundi au lever du jour. Au large de l’Irlande à ce moment, le vent devrait se stabiliser de secteur Est à Nord-Est d’une dizaine de nœuds. C’est donc dès le coup de canon que les solitaires devront donner le maximum pour attraper cette succession de flux variables en direction et en force, ce qui annonce aussi une succession de manœuvres dès les premières heures de mer !

Du lourd avant Boston !

En fait, cette situation un peu inhabituelle sur l’Atlantique Nord à cette époque de l’année vient de l’installation d’une dépression centrée sur l’Espagne en train de se combler, d’une « ceinture anticyclonique » s’étirant de Madère à l’Ecosse et de deux dépressions situées au milieu de l’océan… Au portant pour les premiers jours de course, les treize monocoques vont devoir subir les humeurs d’Eole qui alternera flux réguliers et zones de calmes. Une grande partie de la traversée de l’Atlantique proprement dit (entre Land’s End et Terre-Neuve) s’effectuera donc sous spinnaker dans des brises faibles à modérées et l’atterrissage sur les bancs pourrait s’effectuer dès lundi en huit !
En revanche, les 900 derniers milles à parcourir jusqu’à la ligne d’arrivée à Boston se dérouleront sous un scénario… Un chapelet de perturbations se formera au large de New York avec une ribambelle de front, provoquant des bascules brusques du vent, des averses fortes de pluies, des variations de température, des renforcements passagers (jusqu’à plus de 30 nœuds) et des molles éphémères tout cela au milieu des bateaux en pêche, des cargos en route vers l’Europe, des growlers en cours de fonte, des bancs de brume en dispersion ! Certaines prévisions annoncent quatre jours pour en finir avec cette treizième transat…
En tous cas, The Artemis Transat va fournir une mine de renseignements aux solitaires qui préparent le Vendée Globe : la première phase va mettre en valeur les qualités des bateaux dans les petits airs portants (équivalent d’un Pot au Noir) , puis la deuxième zone la réactivité des skippers à des changements incessants de la brise (comme le golfe de Gascogne), la troisième partie offrira un excellent comparatif de vitesse pure pendant plusieurs jours sur une trajectoire assez rectiligne (identiques aux alizés canariens), enfin le final montrera la capacité du tandem marin-bateau à affronter le gros temps (négociation des mers du Sud), à rester en phase avec les bascules, à préserver le matériel et à conserver sa lucidité pour contrôler ses adversaires proches (stratégie pour la remontée de l’Atlantique). Et il faut s’attendre à un final assez groupé à Boston !

Tranches de transat
Avec la porte des glaces imposée par la Direction de Course suite à la présence de nombreux icebergs dans le Sud-Est de Terre-Neuve, The Artemis Transat devient un parcours de 2 982 milles en suivant la route la plus directe (orthodromie). Cette distance se scinde en tronçons définis par des longitudes de passage à l’image du cap Lizard, du phare du Fastnet, du cap Race… Les écarts entre les différentes zones du parcours sont ainsi de :
*Ligne de départ – Eddystone = 9,4 milles
*Eddystone – cap Lizard = 39,4 milles
*Cap Lizard – Fastnet = 170,1 milles
*Fastnet – porte des glaces (47°W) = 1 676,5 milles
*Porte des glaces – cap Race = 282,6 milles
*Cap Race – Arrivée à Boston = 804 milles

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