jeudi 1 mai 2008

On ne s’improvise pas coureur au large comme ça



Jean Galfione et Gilles Favennec sont arrivés mardi au coucher du soleil à Tenerife, dans l’archipel des Canaries. NIVEA-Athlètes du Monde est désormais amarré au fond d’un petit port de pêche et attend d’être convoyé d’ici quelques jours.

Avant de s’écrouler dans le bateau encore humide, les deux hommes ont pu se doucher - « dans les vestiaires d’un chantier » -, et manger un peu. A tête reposée, mais encore à chaud, ils reviennent sur les raisons qui les ont poussées à se retirer de la course, mais aussi sur l’âpreté, l’intérêt et la beauté d’une telle aventure.

En cause : la gestion de la vie à bord, la fatigue qui s’installe
Gilles : « Ca a péché dans la gestion de la fatigue et la capacité à pouvoir prendre en charge le bateau tout le temps dans de bonnes conditions. Nous savions déjà, avant de partir, où étaient nos atouts et nos faiblesses, mais nous n’avons pas réussi à mettre nos plans à exécution. Nous avons essayé de nous organiser mais nous n’avons pas trouvé toutes les solutions ».
Jean : « Entre les compétences de Gilles et les miennes, il y avait une différence et on n’a pas réussi à trouver l’équilibre. On ne s’en sortait pas de la fatigue et tout ce qui va avec : les erreurs, le stress…On n’était plus vraiment lucide. Proches de la rupture. On a mis deux jours à prendre cette décision, finalement dictée par la sagesse. Quand on est arrivés à Tenerife, Thomas Rouxel et Erwan Israël (Défi Mousquetaires) nous ont appelés. Ils étaient désolés pour nous et nous ont dit qu’ils comprenaient, qu’eux aussi étaient très fatigués. Toute la différence, c’est qu’ils ont l’expérience ».
Une déception sportive, mais une aventure riche, émaillée de bons moments sur l’eau…

Gilles : « J’ai pris un gros coup sur la tête. Le tout est maintenant d’arriver à en tirer quelque chose pour devenir plus fort. Et puis nous sommes chanceux de vivre tout cela, grâce à une équipe, des partenaires qui nous entourent. Je ne suis pas du tout écoeuré de la course au large, bien au contraire. On a navigué dans des endroits sympas, on a vu des dauphins, des baleines, on s’est retrouvé à fond sous spi dans 30 nœuds de vent. Je préfère retenir ces bons moments. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’on l’a eue notre aventure ! »

Jean : « Lors de mes premiers J.O, je me suis fait sortir dès les qualifs’. Je m’en suis pris des bâches sur les terrains d’athlétisme ! Et puis avec le temps, on progresse. Il faut être doué et travailler. On ne s’improvise pas coureur au large comme ça. Mais je suis assez fier de tout ce qu’on a fait jusqu’à aujourd’hui. Sur l’aspect sportif, ce n’est pas une réussite mais il y avait aussi l’aventure, avec son lot d’imprévus. Je n’ai aucun regret. Sur l’eau, j’ai connu des sentiments et vécu des émotions super intéressants. Et j’ai vu en mer de très belles choses. Tout cela me donne encore plus envie d’être prêt pour une prochaine fois. »
L’avenir proche

Après avoir réglé toutes les formalités concernant le bateau (lequel devrait être convoyé par la mer dans les prochains jours), l’équipage de NIVEA-Athlètes du Monde était sur le point de rentrer en France. Gilles retrouvera sa famille en Bretagne avant de repartir plus tard sur le circuit de match-racing. Jean, après un saut au PC de la Transat Ag2r, participera au circuit GP 42 à bord du bateau barré par Bertrand Pacé.

Les deux hommes ont aussi rendez-vous avec les jeunes engagés dans le projet social et solidaire « Choisis ton cap ». Jean Galfione évoque cette mission, en guise de conclusion : « Dans ce projet, nous avons la chance d’être soutenus et très bien entourés. Cette expérience nous rapprochera encore plus des jeunes. On leur racontera que la vie n’est pas simple. On croit parfois qu’on est au top niveau, que ça va être facile. Et on se rend compte qu’en fait, ce n’est pas facile du tout, qu’on peut se planter. Toute la difficulté consiste alors à se relever pour mieux repartir ».

Info Presse - Agence Blanco Negro

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