mercredi 4 juin 2008

Artemis transat : Vincent Riou raconte son abandon


Vincent Riou, à bord de Gitana Eighty, a raconté lors d’une vacation avec le PC Course les événements de la journée. Loïck Peyron continue évidemment sa course et devrait arriver vendredi à Boston avec Vincent à son bord. Pendant ce temps, l’équipe technique de PRB se prépare à s’envoler pour Halifax (Canada) pour monter une opération de récupération du monocoque. Vincent espère que le bateau, situé à 530 milles d’Halifax, pourra être récupéré dans trois jours environ. Si le coup de vent attendu l’a épargné.

Vacation téléphonique entre le PC Course, Vincent Riou et Loïck Peyron à bord de Gitana Eighty

Le déroulement de la journée : « la nuit dernière, je naviguais au reaching, assez vite à 15/18 nœuds. Soudain, je suis entré en collision avec ce que je crois être un requin Pélerin de 4 à 5 mètres. Le poisson a carrément été coupé en deux car j’ai vu ressortir les deux morceaux et c’est à l’aileron que j’ai pensé qu’il s’agissait d’un requin. Sur le moment, je n’étais pas trop inquiet car le choc a été violent mais sans le bruit significatif du carbone cassé. J’ai fait un check rapide et un peu plus tard, j’ai juste constaté que l’ogive de quille était un peu abimée. Le puits de quille se remplissait et il y avait des bulles qui m’empêchaient de voir ce qui se passait. Rien de dramatique. Cet après-midi, j’ai décidé de profiter des calmes de la dorsale anticyclonique pour inspecter la tête de quille. Là, j’ai constaté qu’il manquait l’axe avant de la tête de quille. La quille, qui était inclinée, portait à faux en travers du puits.

Suite à cela, j’ai décidé assez vite de ne pas rester à bord. Car vu le mauvais temps qui arrivait, je ne me voyais pas me faire peur pour me faire peur. C’était difficile, voir très dangereux de naviguer à la voile dans ces conditions.

J’ai sécurisé au maximum le bateau, j’ai descendu comme je pouvais le centre de gravité en ballastant. Et j’ai laissé le bateau avec la quille inclinée en espérant qu’ainsi elle restera en place. Maintenant on est déjà en train de faire ce qu’il faut pour aller le récupérer ».


La récupération à bord de Gitana Eighty : « Une fois que j’ai sécurisé le bateau, déclenché toutes les balises possibles pour continuer à le repérer puis le radeau de survie. Je me suis installé dedans et je me suis laissé partir à la traine. J’avais solidement amarré le radeau.

C’était le créneau idéal pour faire ce genre de manœuvre car demain cela serait devenu beaucoup plus dur et difficile vu les conditions qui s’annoncent. »


L’opération pour récupérer PRB : « Une équipe est déjà en train de partir à Halifax. L’idéal serait qu’ils partent demain soir de là-bas avec un bateau pour aller le récupérer. Il faut deux jours de mer. »


Son sentiment : « Là j’ai un peu les bras qui me tombent (ému). Je me demande ce que je dois faire pour finir une course*… . C’était une course avec du niveau et j’y prenais beaucoup de plaisir. Jusqu’à ce matin… Je me retrouve là, juste avec mon téléphone Irridium et une clé USB. La vie continue. Mais c’est quand même terrible où on en est arrivé ».


Le récit de Loïck Peyron : « C’est une course en solitaire qui va se finir en double. Ce n’est pas une première. Philou n’était pas monté à mon bord (pour mémoire Loïck avait effectué un sauvetage extraordinaire de Philippe Poupon dans le Vendée Globe 1989/90 en permettant de redresser le monocoque couché de ce dernier). J’aurais préféré que Vincent continue, il avait fait une course impressionnante. Il est très déçu, je le comprends. Il passe ses coups de fil, fais comme si il était tout seul. Cela n’est pas facile ».


* : Dans son interview, Vincent se demande ce qu’il faut faire « pour finir une course ». Il fait évidemment référence au démâtage survenu au bout de 24 heures de course dans la dernière Route du Rhum et bien sûr au plus récent subit dans la Barcelona World Race avec Sébastien Josse. Comme cette fois, PRB était alors en tête. Des casses mécaniques difficiles à vivre pour le dernier vainqueur du Vendée Globe mais sans doute moins que la collision avec un animal qui renvoie à la pure malchance.


Source : www.prb.fr

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