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La voile, un favori du PAF
La voile est le 3e sport le plus traité à la télévision, après le football et le cyclisme. Mais la couverture télévisée d'une course nécessite de lourds et coûteux moyens.
Sébastien Binet-Descamp
Malgré la difficulté des transmissions en direct sur les télévisions, même au moment des départs, la voile reste l'un des sports les plus prisés des Français. Le ressort fonctionne toujours autant, à voir la progression exponentielle de la couverture télévisée des épreuves de voile et en particulier de la Transat Jacques Vabre, dont la durée totale de diffusion est passée de neuf heures lors de la première édition en 1995, à plus de cent heures en 2003.
« Dans des carrefours d'audience aussi importants que sont les journaux télévisés, la voile se place en 3e position des sports les plus traités, juste derrière le football et le cyclisme », souligne Lucien Boyer, directeur général de Havas Sports. Malgré cette situation en théorie idyllique, la voile ne tire pourtant presque aucun revenu de cette présence à l'antenne, contrairement aux deux autres disciplines citées. « La télévision considère que la voile est un sport très complexe à mettre en images », explique Rémi Pelletier, présentateur de « Nautisme » sur LCI.
Le cas de la Coupe de l'America échappe à la règle. « Calibrées comme un match de football, les régates côtières des class America permettent de réaliser des directs d'une heure et demie », ajoute Rémi Pelletier. La course de l'America est précisément l'une des rares épreuves de voile dont la diffusion exige le paiement de droits, à moins de considérer les coûts de production comme une forme de droits TV. « Certes, les chaînes ne paient pas directement de droits, mais elles acceptent de participer à la production d'images souvent très coûteuses », complète Lucien Boyer. Les organisateurs de la Transat Jacques Vabre ont choisi une autre démarche. Pour s'assurer une large couverture auprès d'un diffuseur prestigieux, ils vont financer la production des images diffusées chaque jour sur TF1, LCI et Eurosport sous la forme de programmes courts.
Ce qui offre une grande exposition à la plupart des sponsors, dont les objectifs restent souvent nuancés. « Nous recherchons avant tout l'image, plus que la notoriété, déjà acquise pour une marque comme Orange, explique Serge Valentin, directeur du sponsoring de France Télécom. La voile nous permet de mettre en évidence notre savoir-faire en matière d'innovation. Pendant la Transat Jacques Vabre, les frères Ravussin transmettront des images par satellite en direct du bateau, comme Bruno Peyron l'a fait durant le Trophée Jules Verne. » De plus en plus fréquent sur les bateaux, ce dispositif restitue assez bien l'ambiance à bord, tout en préservant la part d'imaginaire et de rêve des courses au large.
Des retombées significatives. Un souci toujours présent chez Kraft, qui a accompagné avec sa marque Jacques Vabre la route du café créée par Gérard Petipas en 1993. « Jacques Vabre a une vraie légitimité à participer à cette transat puisqu'elle emprunte la route du café, du Havre à Salvador de Bahia », explique Bruno Luisetti, PDG de Kraft Foods France. Le succès de la plus longue des transatlantiques permet aujourd'hui à Jacques Vabre d'obtenir des retombées significatives. « Nous considérons que la citation de la marque se valorise autour de 20 millions d'euros, mais ce sont des chiffres qui sont difficilement comparables à de l'achat d'espaces », tempère Bruno Luisetti.
Pour Bonduelle, ce chiffre atteindrait 30 millions d'euros grâce aux extraordinaires retombées de la 2e place de Jean Le Cam lors du dernier Vendée Globe. Un investissement rentable, puisqu'un monocoque de 60 pieds comme « Bonduelle » coûte environ 2 million d'euros par an (3 millions d'euros au moins pour un multicoque). Jean Le Cam fait même mieux que Michel Desjoyaux, dont la victoire en 2001 a permis à PRB d'enregistrer des retombées valorisées à 15 millions d'euros par l'agence TNS Sport.
Des chiffres qui font rêver Brossard, nouveau venu chez les multicoques. « La Transat Jacques Vabre est notre premier grand rendez-vous, confie Laurence Guillotin, chef du projet voile de Brossard. C'est un vrai projet d'entreprise qui permet à tous les membres du personnel de partager l'aventure des courses au large avec les skippers, comme lors de récentes sorties en mer. » Brossard est skippé par Yvan Bourgnon, lequel vient de créer une structure baptisée Team Océan destinée à trouver des sponsors. Une preuve de plus que la recherche de financement pour un bateau est devenue une entreprise à part entière
© le point 03/11/05 - N°1729 - Page 171 - 707 mots
La voile, un favori du PAF
La voile est le 3e sport le plus traité à la télévision, après le football et le cyclisme. Mais la couverture télévisée d'une course nécessite de lourds et coûteux moyens.
Sébastien Binet-Descamp
Malgré la difficulté des transmissions en direct sur les télévisions, même au moment des départs, la voile reste l'un des sports les plus prisés des Français. Le ressort fonctionne toujours autant, à voir la progression exponentielle de la couverture télévisée des épreuves de voile et en particulier de la Transat Jacques Vabre, dont la durée totale de diffusion est passée de neuf heures lors de la première édition en 1995, à plus de cent heures en 2003.
« Dans des carrefours d'audience aussi importants que sont les journaux télévisés, la voile se place en 3e position des sports les plus traités, juste derrière le football et le cyclisme », souligne Lucien Boyer, directeur général de Havas Sports. Malgré cette situation en théorie idyllique, la voile ne tire pourtant presque aucun revenu de cette présence à l'antenne, contrairement aux deux autres disciplines citées. « La télévision considère que la voile est un sport très complexe à mettre en images », explique Rémi Pelletier, présentateur de « Nautisme » sur LCI.
Le cas de la Coupe de l'America échappe à la règle. « Calibrées comme un match de football, les régates côtières des class America permettent de réaliser des directs d'une heure et demie », ajoute Rémi Pelletier. La course de l'America est précisément l'une des rares épreuves de voile dont la diffusion exige le paiement de droits, à moins de considérer les coûts de production comme une forme de droits TV. « Certes, les chaînes ne paient pas directement de droits, mais elles acceptent de participer à la production d'images souvent très coûteuses », complète Lucien Boyer. Les organisateurs de la Transat Jacques Vabre ont choisi une autre démarche. Pour s'assurer une large couverture auprès d'un diffuseur prestigieux, ils vont financer la production des images diffusées chaque jour sur TF1, LCI et Eurosport sous la forme de programmes courts.
Ce qui offre une grande exposition à la plupart des sponsors, dont les objectifs restent souvent nuancés. « Nous recherchons avant tout l'image, plus que la notoriété, déjà acquise pour une marque comme Orange, explique Serge Valentin, directeur du sponsoring de France Télécom. La voile nous permet de mettre en évidence notre savoir-faire en matière d'innovation. Pendant la Transat Jacques Vabre, les frères Ravussin transmettront des images par satellite en direct du bateau, comme Bruno Peyron l'a fait durant le Trophée Jules Verne. » De plus en plus fréquent sur les bateaux, ce dispositif restitue assez bien l'ambiance à bord, tout en préservant la part d'imaginaire et de rêve des courses au large.
Des retombées significatives. Un souci toujours présent chez Kraft, qui a accompagné avec sa marque Jacques Vabre la route du café créée par Gérard Petipas en 1993. « Jacques Vabre a une vraie légitimité à participer à cette transat puisqu'elle emprunte la route du café, du Havre à Salvador de Bahia », explique Bruno Luisetti, PDG de Kraft Foods France. Le succès de la plus longue des transatlantiques permet aujourd'hui à Jacques Vabre d'obtenir des retombées significatives. « Nous considérons que la citation de la marque se valorise autour de 20 millions d'euros, mais ce sont des chiffres qui sont difficilement comparables à de l'achat d'espaces », tempère Bruno Luisetti.
Pour Bonduelle, ce chiffre atteindrait 30 millions d'euros grâce aux extraordinaires retombées de la 2e place de Jean Le Cam lors du dernier Vendée Globe. Un investissement rentable, puisqu'un monocoque de 60 pieds comme « Bonduelle » coûte environ 2 million d'euros par an (3 millions d'euros au moins pour un multicoque). Jean Le Cam fait même mieux que Michel Desjoyaux, dont la victoire en 2001 a permis à PRB d'enregistrer des retombées valorisées à 15 millions d'euros par l'agence TNS Sport.
Des chiffres qui font rêver Brossard, nouveau venu chez les multicoques. « La Transat Jacques Vabre est notre premier grand rendez-vous, confie Laurence Guillotin, chef du projet voile de Brossard. C'est un vrai projet d'entreprise qui permet à tous les membres du personnel de partager l'aventure des courses au large avec les skippers, comme lors de récentes sorties en mer. » Brossard est skippé par Yvan Bourgnon, lequel vient de créer une structure baptisée Team Océan destinée à trouver des sponsors. Une preuve de plus que la recherche de financement pour un bateau est devenue une entreprise à part entière
© le point 03/11/05 - N°1729 - Page 171 - 707 mots
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