mercredi 14 mai 2008

COMME UN NOUVEAU DÉPART, FONCIA EN TÊTE.



Les six leaders installés depuis le départ, ne se lâchent pas d´un pouce et c´est sur une véritable ligne virtuelle qu´ils se positionnent avec des écarts ridicules au vu de la distance déjà parcourue : près de 850 milles...

Toujours dans du vent portant mais nettement plus mou (10-12 nœuds) et sur une mer beaucoup plus lisse, les treize monocoques Imoca continuent de faire route directe vers les bancs de Terre-Neuve, Marc Guillemot (Safran) ayant décidé de continuer malgré la douleur aux côtes : « J’ai encore hyper mal aux côtes et c’est évidemment très douloureux surtout dans les manœuvres. J’ai pris la décision de continuer et je ne vais pas me plaindre, même si je sais que je vais devoir jongler jusqu’à Boston. J’essaye d’économiser les manœuvres et je ne suis pas très performant dans la rapidité d’exécution mais l’essentiel, c’est d’arriver à les faire et de continuer ! » A 150 milles du nouveau leader Michel Desjoyeaux (Foncia), Marc Guillemot a infléchi sa route pour revenir dans le sillage des six premiers.

Car devant, il devient bien difficile de déterminer qui prend l’ascendant sur les autres ! A peine dix milles d’écart par rapport au but pour les cinq premiers et Armel Le Cléac’h (Brit Air) n’est qu’à 25 milles… Une peccadille à ce stade de The Artemis Transat mais ce qui est intéressant, c’est le décalage latéral qui atteint 80 milles entre Michel Desjoyeaux et Yann Eliès (Generali) placés plus au Nord, par rapport à Sébastien Josse (BT) le plus au Sud. L’objectif est désormais de franchir une zone de faible gradient isobarique et si les vitesses ont chutées ce mercredi matin à une douzaine de nœuds, il pourrait bien y avoir quelques « arrêts buffet » en ce quatrième jour de course en raison de petites bulles imprévisibles qui vont pouvoir redistribuer les cartes. Cette journée s’annonce assez stressante pour le mental car il risque d’y avoir des accélérations suivies de ralentissements, un coup au Sud, un autre au Nord…

Compression par derrière ?
Pour le peloton qui est paradoxalement beaucoup plus dispersé que les leaders, le vent est plus faible en ce mercredi matin mais le ralentissement attendu par devant, pourrait bien relancer le match : à moins de 200 milles du groupe de tête, cinq solitaires peuvent encore espérer trouver une voie divergente et revenir au contact. C’est bien toute la subtilité de la navigation océanique qui offre l’opportunité de se démarquer et d’observer la progression des leaders pour changer de cap et éviter les pièges. Et des pièges, il y en aura pour les deux jours à venir qui annoncent des vents variables, tant en force qu’en direction, et qui avec un décalage Est-Ouest ou Nord-Sud de quelques dizaines de milles, peuvent modifier très sensiblement la vitesse moyenne…
Sur le même cap que les leaders, Samantha Davies (Roxy) et Arnaud Boissières (Akena Vérandas) sont en position d’observateurs attentifs des options en tête, tandis que Marc Guillemot et Yannick Bestaven (Cervin EnR), près de cent milles plus au Sud, peuvent espérer trouver un couloir de vent plus favorable, sachant qu’une fois ce marais barométrique franchi, il va bien falloir gagner vers le Sud-Ouest pour aller chercher la porte des glaces ! Quant à Steve White (Spirit of Weymouth) sa route très au Nord s’incurve depuis ce mercredi matin pour rejoindre le pack central, ce qui devrait lui permettre de croiser devant Dee Caffari (Aviva) qui semble avoir résolu ses problèmes de charge électrique, et le Basque Unai Basurko (Pakea Bizkaia). Sous spinnaker, ils devraient refaire une partie de leur retard ces prochaines heures puisqu’ils sont encore sous l’influence de la dépression qui se décale vers le golfe de Gascogne.


Arnaud Boissières (Akena Vérandas) :

"J'ai dormi un peu ce matin, là je fais du rangement. Les premiers arrivent à s'échapper avec du vent. Pour nous avec Sam, ce n'est pas évident. Le vent va mollir et adonner à l'avant de la flotte, mais on devrait garder un peu de vent. On pourra peut-être revenir un peu sur eux, mais ils sont déjà à 140 milles d'avance..."


Michel Desjoyeaux (FONCIA) :

"J'ai bien dormi cette nuit et ce matin. En Figaro je n'aurais pas dormi autant. On a vraiment intérêt à barrer quand on est au portant, mais au travers on peut laisser faire le pilote, j'en profite. La flotte est homogène, il y a une bonne bagarre, c'est très bien comme ça! Concernant la météo, après la dorsale, on devrait avoir un peu plus de vent, et puis encore une autre zone sans vent. C'est compliqué, mais pour l'éviter il faudrait descendre jusqu'aux Açores et ce n'est pas vraiment l'objectif !"

Armel Le Cleac'h (Brit Air) :
"Au début j'étais parti sur une route plus nord, et puis au vu de mes routages, j'ai finalement choisi de partir plus sud pour passer la dorsale. Il faut être dans la régate, les concurrents devant ne lâchent pas grand chose, c'est une belle bataille depuis le début !"

Yann Eliès (Générali)
:
"Je trouve que le début de la course est très satisfaisant pour moi, j'apprends un peu tous les jours, notamment dans des situations extrêmes comme hier, alors qu'on était sous spi avec 30 nœuds de vent. On se dépasse, moi et le bateau. C'est top, je prends confiance dans mon bateau."

Seb Josse (BT) :
" Aujourd'hui ça va mieux qu'hier, je me suis reposé ce matin, j'ai fait des conneries, mais c'est reparti! Je me suis enflammé ce matin, j'ai envoyé le spi, mais il n'aurait pas fallu. Le temps d'affaler, j'ai perdu au moins 5 milles, et surtout j'ai dépensé de l'énergie pour pas grand chose... Mais j'en ai à revendre !"

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