mardi 6 mai 2008

Transat AG2r: Nous ne sommes plus au près



Du nouveau sur la flotte de la Transat AG2R ? Quoi de neuf dans les eaux troubles de l'océan Atlantique ? Au dernier classement, pas de doute, les bonnes nouvelles viennent du Sud, du « Grand Sud », où Concarneau-Saint Barth, SNEF-Cliptol Sport ou encore Solarinox abattent les milles à vitesse grand V. Ce matin pourtant, le classement est à prendre avec des pincettes puisque sept bateaux ne sont pas localisés...


« La boussole, elle est con : elle indique le Nord alors que tout le monde préfère le Sud… » Cette phrase d'un humoriste ne fera certainement pas rire le petit groupe de bateaux qui mangent toujours leur pain noir dans les hauts du plan d'eau. Les classements de cette traversée de l'Atlantique, un peu comme la boussole, continuent pourtant de les mettre à l'honneur. Dans l'ordre et toujours pointés en tête par Argos, il faut jouer Financo, Athema et certainement Défi Mousquetaires. Coriaces et forts de leur petit matelas de milles d'avance, ils tiennent tête. Pour combien de temps encore ?

Sur l'eau, l'histoire qui se trame depuis plusieurs jours commence à s'écrire. Indéniablement, les adeptes de la Longue Route, tous ceux qui sont allés pêcher l'alizé à des latitudes limites raisonnables, récoltent les fruits de leur option. Et de leur audace. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes par 16° Nord… Là, l'alizé souffle à plein régime pour gonfler les voiles et le moral des troupes. Le pétillant Marseillais, Jean-Paul Mouren, a de quoi se réjouir. Aux côtés de Laurent Pellecuer à bord de SNEF-Cliptol Sport, il n'a pas fini de faire des étincelles. Ce matin, à l'aube, les deux compères sont revenus en force : ils n'affichent plus que 10 milles de retard sur Cercle Vert. Le speedomètre coincé à 11-12 nœuds, ils ont surtout repris la coquette somme de 100 milles en 24 heures sur la tête de flotte. La recette de ce succès et de cette progression à haut rendement ? Ils vont presque deux fois plus vite que Financo & Co.
Même topo du côté de Concarneau-Saint Barth qui avale les milles avec l'appétit d'un ogre et n'a pas son pareil pour rattraper un retard accumulé au prix de son option radicale.

« Plus t'es Sud, plus tu vas vite », résume de son côté Thierry Chabagny à bord de Suzuki Automobiles. Il a tout dit. Dans les quartiers des 18° Nord, il progresse non loin de Cercle Vert à 9 nœuds environ. Si le marin-pilote du bord ne cache pas sa satisfaction d'avoir redémarré et repris du terrain sur les premiers au classement officiel, il ne fait pas mystère non plus de ses craintes au regard de son positionnement. Difficile en effet de contenir le retour des bateaux qui glissent et surfent à l'étage du dessous. Comme quoi tout est une histoire de latitude, une question d'attitude…



Ils ont dit…



KPMG – Bertrand Castelnérac – 7ème au classement de 5h
« On mange notre pain noir comme on dit ! On attend le vent, on espère que ce sera bientôt notre tour de filer avec ceux du Sud. Ça rentre, mais très doucement, on est donc un peu résigné. Cela fait plus de 24 heures que l'on est vraiment dans la pétole, et donc qu'on a du mal à avancer. C'est plus très drôle là ! On aimerait bien aller à St Barth quand même…. En plus les fichiers n'annoncent pas de bonnes nouvelles ce matin. Mais on y croit, on espère un décollage immédiat. Parce que si ça continue, on aura plus qu'à se mettre derrière le paquet du Sud et attendre d'arriver… Pour garder le moral, on essaie de relativiser et de se changer les idées. Ce qui nous fait tenir c'est que l'on espère encore décoller … »

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SUZUKI AUTOMOBILES – Thierry Chabagny – 6ème au classement de 5h
« Depuis hier nous avons un peu redémarré. Actuellement on a du vent autour de 20 nœuds, ça glisse pas mal. On trouve ce qu'on attendait ici. Pour l'instant on est moins bien positionné que d'autres bateaux du Sud, mais c'est quand même rassurant de voir l'écart se resserrer avec le groupe du Nord. On ne joue plus le même jeu, on ne peut plus rien faire pour eux et réciproquement, nos systèmes météo sont complètement différents. Maintenant, nos adversaires directs sont les sept bateaux du Sud, c'est avec eux que l'on regarde les écarts de vitesse. Ce matin en l'occurrence, ce n'est pas terrible ! On souffre un peu car nous sommes les plus au Nord. Notre but reste de descendre encore plus Sud, mais le vent ne nous le permet pas, ou alors on risquerait de croiser derrière le groupe et de le payer cher. Donc pour le moment on profite des oscillations. Mais quoi qu'il en soit ça fait du bien, car avant-hier on surfait sur la dorsale et on avait peur qu'elle nous rattrape. Maintenant, on devrait avoir des alizés jusqu'à l'arrivée… »

ATLANTIK FT – Phil Sharp (4ème au classement de 11h)
«Nous ne sommes plus au près. D’ailleurs je pense que l’on va détester le près jusqu’à la fin de nos jours. Maintenant on est sous spi mais on ne va pas très vite. J’espère que l’on va pouvoir bouger. Je préfèrerais être au sud. Mais c’est la course. On était au nord. J’étais très content d’accrocher à ce groupe. Il n’y a pas beaucoup de nourriture pour finir la course jusque Saint Barth. Je suis moins inquiet sur les quantités d’eau. Alors que l’on doit faire des concessions sur l’alimentation. L’ambiance est géniale. C’est bon pour l’équipe. David conduit le bateau vite, moi je préfère faire la navigation. Heureusement, David mange moins que moi : il est très petit. »

LES MOUSQUETAIRES - Gwen Riou (7ème au classement de 11h)
« Ca va mieux. On commence à décoller. Nous sommes à 16 nœuds. On redémarre. Nous sommes en train de regarder la position de 11h. On a joué. On a tenté. Ca a bloqué. Mais on ne lâche rien. C’est sur que l’on a pris pas mal de milles. On va essayer de rester accroché. Il y a du vent de sud. Mais ça peut évoluer vite. Si on peut aller en route directe, on préfère. Le jeu va être serré. Les journées passent très vite. Finalement on ne se rend pas compte du rallongement de la transat. Nous sommes à bloc. On n’a pas d’horaire carré à caler. Lorsque nous avons un temps de repos, on fait à manger, on bosse tranquillement sur la navigation. Nous n’avons même pas le temps d’envoyer un petit mail. On tente d’anticiper sur la navigation et de barrer un maximum pour économiser de la batterie. On a un bon tandem. Il reste 1400 milles. Ce n’est pas rien. On peut encore revenir. »

SNEF ET CLIPTOL SPORT - Laurent Pellecuer (9ème au classement de 11h)
« Le bateau allait super vite toute la nuit. On a bien progressé vers Saint Barth. Le moral est au beau fixe. On était prudent ces derniers jours et on le reste. Solar Inox a une option sud et Cercle Vert a tendance à déborder. L’alizé n’est pas constant. Mais c’est sympathique de rester dans le groupe. On verra si les nordistes arrivent à poursuivre leur option. Mais je crois plus au sud. On regarde dans les rétroviseurs de tous les côtés. Il y a un moment ou un autre où ça va se décider. Je pense que le sud est très intéressant. A nous d’être malin pour la suite. On va faire de notre mieux. Solar Inox plongeait dans le sud un peu rapidement. C’était un peu osé. Après il y a deux ans, Kito de Pavant et Pietro d’Ali avaient bien négocié la route plus sud. Aujourd’hui les vents sont faibles au nord. Donc on opte pour le sud. Cercle vert est toujours dans le jeu. Je découvre la vitesse de Concarneau – Saint Barth’. Il a énormément d’audace. Il navigue vite. La course est divisée en trois parties. La première partie s’est passé à Porto Santo, la seconde parie il fallait de positionner à droite ou à gauche. La troisième concerne le sprint vers Saint Barth.

AQUARELLE - LE FIGARO - Jean Pierre Nicol (19ème au classement de 11h)
« On commence enfin à toucher les alizés. On continue d’aller un peu sud pour nous permettre d’accélérer au fur et à mesure. On a fait le plus dur. C’est un soulagement. Maintenant le jeu consiste à ne pas trop s’allonger la route. On joue avec Défi Transat et Tetraktys. A chaque course on apprend de nouvelles choses. Il faut gérer le groupe des sudistes et les centristes qui ont géré un bon planning sachant que les centristes ont encore un vent assez faible. J’estime l’arrivée le 14 au soir. Je reste plutôt optimiste. C’est un peu difficile mais ça fait trois ou quatre jours que l’on a bien compris que la course allait se prolonger. On avait pris pour 23 jours de mer. On garde de l’énergie pour la fin. Pour Fabrice c’est une découverte et il s’aperçoit que c’est plus difficile que prévu. On est un peu juste au niveau préparation. On a tous les deux des projets en solitaire. On espère continuer ensemble et partager la logistique et les entraînements. »

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