vendredi 25 avril 2008

ERWAN TABARLY : "J'AI FAIM"



Après sept saisons complètes sur le circuit Figaro, Erwan Tabarly a connu deux années "sans". Sans partenaires fixes surtout. Il est de retour sur la Transat ag2r et il "a faim", dit-il ! De victoires bien sûr.

Il a beau s'appeller Tabarly, Erwan (33 ans) vient de passer deux saisons à douter. Après l'arrêt de son sponsor (Thalès) en 2006, le Fouesnantais a cru qu'il allait en trouver un autre rapidement. Certes, il en a bien eu des partenaires mais "uniquement des sponsors d'une course, aucun pour une saison complète". Pas l'idéal pour obtenir des résultats.
 
Toujours placé jamais gagnant
 Alors, il en a profité pour faire autre chose. Pour changer de suppports. Sur le VOR 70 "Abn Amro" en Suède, et l'hiver dernier, sur le 50 pieds de la Solo Océane qu'il devait mettre au point. "Avec, à la clé, un mois et demi de mer jusqu'à Cape Town en Afrique du Sud".
Il s'est efforcé de garder un pied dans le circuit Figaro : un Tour de Bretagne en double (2e) et une Cannes - Istanbul (1er). D'excellents résultats et toujours pas de sponsor à l'horizon. A n'y rien comprendre. "Après sept ans sur Figaro, je ne voulais pas quitter le circuit comme ça, sans avoir pu atteindre mes objectifs".
Ses objectifs ? Gagner la Solitaire du Figaro et la Transat ag2r. Rageant, en effet, de s'arrêter si près du but lui qui peut se prévaloir d'un titre de vice-champion de France de course au large en solitaire en 2003 (4e en 2004 et 2005), de sept participations à la Solitaire du Figaro (6 podiums d'étapes), quatre Transat AG2R (victoire d'étape en 2002) et deux "Trophée BPE" (4e en 2001).
"Disons que j'étais toujours placé et jamais gagnant". Erwan Tabarly sorte de Poulidor du Figaro ? "Peut-être que j'ai trop de retenu dans mes options. Peut-être devrais-je prendre plus de risques".
 
"Je repars d'une feuille blanche"
 Dans le circuit Figaro, il y a les "suiveurs" et les "déclencheurs", ceux qui tentent des coups : "Je me range dans la deuxième catégorie mais il me manque probablement l'aspect killer".
A terre, Erwan Tabarly, père de trois enfants, n'est pas un tueur : c'est quelqu'un de très discret. "Mais attention, en mer, j'ai la hargne". Après deux années difficiles, le skipper de Athema a faim. Il le dit : "Je repars d'une feuille blanche et cela me donne une grande envie d'aller naviguer".
Après son père Patrick, Philippe Vicariot, Jean-Luc Nélias et Gildas Morvan, Erwan a choisi d'embarquer le Costarmoricain Vincent Biarnès à bord de Athema, son nouveau partenaire pour trois ans : "Vincent a le même profil que le mien. C'est sa première transat donc il va m'apporter un regard nouveau".
 


Transat AG2R: La melodie du bonheur

Avec le vent retrouvé les sourires sont revenus à bord des Figaro Bénéteau de la Transat AG2R. Qu'ils soient à l'Est, à l'Ouest, au centre, tous sont contents de leur positionnement, tous sont heureux d'être là. Même ceux qui sont derrière goûtent le plaisir de sentir l'étrave qui s'ébroue et de voir les panneaux de tissu de leur spinnaker se tendre à nouveau. Bonheur éphémère sans doute, mais ce qui est pris n'est plus à prendre….
« On n'étanche pas la soif d'un chameau à la petite cuillère. » Pour paraphraser le proverbe chinois, on pourrait affirmer qu'on ne rassasie pas un navigateur en course avec moins de 5 nœuds de vent. Autant dire que le vent retrouvé sur la majeure partie de la flotte contribuait largement à l'état de béatitude générale qui régnait sur la course. Qu'il s'agisse de Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) ou de Jeanne Grégoire (Banque Populaire) le long des côtes du Portugal, de Dominic Vittet (Gedimat) auteur d'une remontée spectaculaire à la deuxième place du classement général à l'Ouest ou de Bertrand de Broc (les Mousquetaires) sagement calé au centre du plan d'eau, tous sont contents…
Paradoxe ? Pas tellement. Les partisans de l'Est se réjouissaient à midi de voir que leur vitesse était très légèrement supérieure à celle de leurs concurrents, les explorateurs de l'Ouest étaient ravis de constater qu'ils étaient encore dans le match, quand les conservateurs du centre respiraient de constater qu'aucun concurrent ne les avait débordés par les extérieurs.

Père, gardez vous à droite, gardez vous à gauche
Souhaitons à Nicolas Troussel (Financo), solide leader de ce début de Transat AG2R, de ne pas connaître le sort de Jean Le Bon, défait à la Bataille de Poitiers. Il reste qu'il va être fort difficile de contrôler les attaques conjointes des deux groupes d'extrémistes qui ont choisi de jouer le dos de la cuillère. Les heures à venir risquent d'être cruciales : à l'Ouest le tandem Vittet – Tripon espère bénéficier d'un angle de vent plus favorable pour pouvoir descendre rapidement sur Madère. A l'Est la flotte emmenée par Chabagny – Douguet et Morvan – Le Cam au coude à coude, espère bien bénéficier d'un flux de vent plus soutenu pour compenser un angle d'attaque moins intéressant. Les centristes, quant à eux, espèrent que les débats resteront équilibrés. Quant aux autres qui, faute d'une option prise suffisamment tôt, se sont fait légèrement décrocher, ils attendent la faute de leurs devanciers pour espérer recoller au classement. Au bout du compte, chacun a de bonnes raisons d'être heureux.

Ils ont dit :



Dominic Vittet, Gedimat, 7ème au classement de 17h
« On s'en est pas mal sorti ! On a eu un coup de Jarnac au large du Cap Finisterre. On est tombé dans une bulle. On descendait sous spi et on s'est arrêté 4 heures. On a perdu 20 milles sur toute la flotte. On réfléchissait pour revenir. Rien n'était garanti. Suzuki a fait une belle option. Son choix était clair. Soit les bateaux allaient à l'Est comme Suzuki, soit à l'Ouest comme nous. L'intermédiaire entre les deux me paraissait risqué, quoique Financo navigue bien. Ce sont des décisions qui ne sont pas faciles. La configuration pour Madère n'est pas celle que l'on attendait. Donc on modifie nos stratégies au fur et à mesure qu'on avance. Sinon, Armel c'est la gentillesse même, à chaque instant. C'est impossible de se disputer avec lui. »



Jean Galfione, NIVEA – Athlètes du Monde, 20ème au classement de 11 h
« C'est une vraie expérience. Ce n'est pas facile, surtout avec ces conditions là. Mais le métier commence à rentrer. C'est la première fois que je passe autant de temps en mer. On a un bon rythme, on est concentré sur la bonne marche du bateau. Dans les conditions difficiles, Gilles travaille plus que moi. J'essaye de l'assister. Je m'efforce de faire les repas. On gère le sommeil en fonction du bateau. Il y a de la fatigue mais je tiens. Je suis très heureux d'être là. C'est un rêve. Les deux, trois premiers jours étaient difficiles, dont le passage au Cap Finisterre. C'est une expérience à vivre. Il y a moyen de revenir doucement et de se faire plaisir. »



Jean-Paul Mouren, SNEF – Cliptol Sport, 6ème au classement de 17h
« La nuit a été difficile pour des raisons de manque de vent. Notre position à l'Est de la flotte est un choix. On était persuadé de récupérer plus de flux. Il y a encore des problèmes à venir avant Porto Santo. On chasse les molécules de vent et on va essayer d'enfiler les perles dans le bon sens. C'est un énorme jeu d'échec ou de Monopoly. Ce sont vingt jours où il faut avoir du bon sens. Quand on aperçoit le bateau organisation pas très loin de nous, on pense : et dire qu'il y a un bar à 20 mètres de nous ! »

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