vendredi 25 avril 2008

Mer calme pour le développement durable



Ellen MacArthur et British Telecom se sont associés en 2007 pour défendre l’environnement. La conception des bateaux de la navigatrice reste malgré tout timoré.


Dans la voile comme ailleurs, le développement durable embellit les discours mais dans les faits, il n'est pas toujours visible à l'horizon. En témoigne l'opération, plus médiatique que véritablement écologique, organisée ce 11 septembre par British Telecom (BT) en l'honneur d'Ellen MacArthur. La célèbre navigatrice anglaise a été officiellement promue au rang d'ambassadrice du « monde meilleur » imaginé par l'opérateur britannique. Avec elle, BT entend sensibiliser le public aux grands thèmes de la protection de l'environnement, tout en travaillant son image.
Ce partenariat de 3 ans se matérialise par la constitution d'une nouvelle équipe, la BT Team Ellen, et à la construction de 2 bateaux. Le premier, un catamaran de 40 pieds de long, est déjà opérationnel et a participé à quelques régates côtières durant l'été 2007. Le second, un monocoque de 60 pieds, devrait être inauguré début 2008. Mais qu'ont-ils de plus écologiques que leurs prédécesseurs, dans une industrie paradoxalement réputée comme assez polluante ? A vrai dire, pas grand-chose.

Des piles à combustible pour l'électricité à bord
« Le catamaran a été conçu pour être rangé dans un seul container et donc minimiser la dépense d'énergie nécessaire à son transport » déclare Mark Turner, qui codirige avec Ellen Mac Arthur la société Offshore Challenges (OC Group), spécialisée dans le marketing des sports d'aventure. C'est mieux que rien, certes, mais on retient finalement que les innovations ne sont pas révolutionnaires.
Car ces bateaux sont aussi des symboles de rapidité et de compétitivité : ils sont à base de colles résineuses et de fibres de carbone. Ce matériau, solide et léger, est en effet issu de la filière du pétrole et n'a donc pas vraiment la fibre verte. « Les progrès ont surtout été réalisés sur les autoclaves, pour réduire la consommation d'énergie pendant l'assemblage, et dans la réutilisation des déchets et des chutes de matériaux » admet Mark Turner. Le recrutement d'une spécialiste des émissions de CO² au sein de OC Group va également dans ce sens.
Mais chaque individu devra sans doute se pencher sur l'engagement d'Ellen MacArthur pour mesurer son degré de relation écologique avec la mer. Lors de ses courses en solitaire, la navigatrice a déjà exploité des piles à combustible, à la place du gasoil pour fournir l'électricité à bord.
Pour le reste, c'est son expérience qui parle. « Quand on est isolé au milieu de l'océan, que les ressources sont très limitées pour alléger le bateau, on prend conscience d'où vient cette précieuse énergie et on apprend à l'économiser », dit-elle. L'écran de l'ordinateur de bord est toujours éteint, les lampes ne sont pas allumées en pure perte... Un message que la navigatrice devrait répéter à l'envi dans ses prochaines campagnes, à terre comme en mer.

BT Betterworld : La course au service de l'environnement
Dans les prochaines courses, le nom d'Ellen MacArthur sera accolé au bateau BT Betterworld, sous les auspices donc du géant des télécoms BT, avec en leitmotiv la sensibilisation à la défense de l'environnement.
Un supplément d'âme qui n'est pas une nouveauté pour la navigatrice, associée à des actions caritatives depuis sept ans.
Ni pour son sponsor. Comme le résume la navigatrice avec son franc-parler, «  ils dépensent énormément d'argent pour aider les gens partout dans le monde. Ils ont des projets en Inde, en Chine, en Afrique du Sud, avec les enfants en Angleterre...  ». «  Cela fait sept ans que nous gagnons le "Dow Jones Sustainability Index" dans les télécoms », rappelle quant à lui François Barrault, le président de BT International.
Ce pionnier du développement durable a trouvé là une figure de proue
.

LA SATISFACTION DE SEB JOSSE

Il existe un certain nombre d´indicateurs fiables et objectifs à la disposition de l´observateur souhaitant juger de l´efficacité des travaux réalisés sur un navire lors d´un chantier hivernal (gain de poids, maniabilité générale, accroissement quantifié des performances...), mais aucun d´eux n´est aussi révélateur que la largeur du sourire du skipper. Commentaires de Jocelyn Blériot à bord de BT qui taillait la route à plus de 20 nœuds cap sur Belle Ile sous GV haute et gennaker...

Le 60 pieds fraîchement remis à l’eau effectuait sa première sortie dans des conditions propres à révéler son potentiel, et sur le pont les membres de l’équipe technique restaient concentrés. Un œil sur les tensions de gréement, l’autre sur les instruments, les mains occupées à mémoriser tactilement les différentes combinaisons de commandes de ballasts… Il y avait fort à faire, et peu de raisons de s’octroyer une pause dans la mesure où un certain individu que nous ne nommerons pas avait (délibérément ?) laissé les sandwiches sur le quai.

Sensiblement plus léger qu’à son entrée en chantier, BT a été mis à nu, poncé jusqu’au carbone, repeint et équipé d’un nouvel accastillage. On n’oubliera pas de mentionner ses « moustaches » d’étrave, destinées à dégager celle-ci aux allures de portant et de reaching à haute vitesse. Le planning n’aura pas été des plus simples à gérer, et l’équipe technique franco-anglo-néoZ n’a pas ménagé ses efforts afin d’atteindre les objectifs suivants :
a) Mettre à l’eau un navire performant dès les premières sorties
b) Garantir que le navire susmentionné arrive en temps et en heure à Londres pour son baptême officiel le 29 avril
c) Faire en sorte que ledit engin soit capable de donner du fil à retordre à une concurrence sérieuse sur The Artemis Transat, au départ de Plymouth le 11 mai.
« Je dirais simplement que le bateau est au top question esthétique, performances et sensations », résumait simplement Seb alors que nous venions de virer sous les Poulains. « Et ça, c’est à mettre au crédit de l’équipe, personne n’a compté ses heures et ça se voit. Maintenant, à moi de leur rapporter de beaux résultats pour les remercier de tout le boulot abattu

LE BENJAMIN A BIEN GRANDI

Nom : JOSSE - Prénom : Sébastien, 2ème participation au Vendée Globe (5ème de l’édition 2004)

Quand en 2004, il prend le départ du Vendée Globe, Sébastien Josse a le coeur en bandoulière et plus de doutes que de certitudes. Celui qui se présentera sur la ligne en 2008 ne sera toujours pas du genre à fanfaronner et pourtant... En quatre ans, le jeune navigateur niçois adoubé par la confrérie des Figaristes de Port la Forêt a parcouru un sacré chemin. A l’issue d’un Vendée Globe exemplaire, il terminait à la cinquième place de l’épreuve malgré
un bateau qui n’était pas en mesure de rivaliser avec les ténors. L’étrave et le gréement en vrac, suite à une rencontre malencontreuse avec un growler qui faillit l’envoyer par le fond, il avait montré à l’époque une détermination sans faille qui força l’admiration de tous.

Un Tour du Monde en équipage plus tard, Jojo revient sur le Vendée Globe et c’est une sacrément bonne nouvelle. D’une part parce que la course compte un favori de plus et surtout parce que tous ceux qui le connaissent ne peuvent qu’apprécier ce marin attachant, qui n’a jamais oublié d’où il venait et ce qu’il devait à ceux qui l’avait soutenu. Jojo n’est pas du genre à travestir ses émotions, à se complaire dans des calculs d’apothicaire. Il vit sa course sans retenue et nous avec. Sans compter qu’un zeste d’humour n’a jamais nui à la marche d’un bateau.

Pour cette nouvelle édition, le navigateur disposera d’un des derniers-nés du cabinet Bruce Farr, et de la complicité de Vincent Riou avec qui il aura déjà parcouru un Tour du Monde en double
sur sa nouvelle monture.
Palmarès

Vainqueur de la Rolex Fastnet Race (IMOCA) en 2007
4ème de la Volvo Ocean Race (skipper d’ABN AMRO 2) en 2006 et record des 24 heures, catégorie monocoque la même année
Vainqueur de la Rolex Fastnet Race (catégorie Imoca) en 2003
Record du Trophée Jules Verne (64 jours) à bord du maxicatamaran Orange en 2002
2nd de la Solitaire du Figaro en 2001

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