vendredi 25 avril 2008

VOILE, OLYMPISME, SPONSORING ET IMAGES DE MARQUE




Pour Philippe Gouard, le DTN de la voile, l'objectif olympique est chiffré. « On vise trois médailles » avance t-il aux côtés de Henry Bacchini vice président de la FFV, par ailleurs chargé du haut niveau.

Avec un carton plein en sélection (onze embarcations retenues sur onze possibles - 7 hommes et 4 femmes -), le directeur technique national vise l'excellence en précisant : « Pour cette Olympiade, nous avons innové. On a sélectionné les athlètes en fonction de leurs qualités et performances bien sûr, mais aussi de la spécificité du plan d'eau de Qingdao réputé calme. »

La priorité aux équipages bons dans le petit temps a donc été un élément de sélection.

Très tôt, les athlètes retenus ont été connus (pour certains dès juillet 2007) afin d'optimiser la préparation olympique.

Si en planche à voile femme (Faustine Merret championne olympique à Athènes), en Laser femmes (Sarah Steyaert récente championne du monde à Auckland) ou encore l'équipage homme en 4,70 résident les plus sérieuses chances de médailles olympiques , dans toutes les autres catégories (Tornado, Finn, 49er, Yngling ou encore en Star - le fleuron de la voile olympique), monter sur le podium est plus qu'envisageable - et envisagé-.

Le Hyèrois Bernaz candidat aux J.O. en laser

Julien Bontemps (planche), Guillaume Florent (Finn), Xavier Revil et Christophe Espagnon (Tornado), Pascal Rambeau et Xavier Rohart les médaillés de bronze en Grèce en star, ou encore Ingrid Petitjean et Nadège Douroux (4,70) sans oublier le jeune Hyérois Jean-Baptiste Bernaz (laser) seront autant de compétiteurs tricolores à suivre de près.

Après les zéros pointés enregistrés à Atlanta (1996) puis à Sydney (2000), les deux médailles ramenées d'Athènes (or et bronze) sont venus regonfler le moral des troupes embarquées.

Mais il est clair que pour les Jeux de Pékin la barre est montée d'un cran.


Quelle image pour les sponsors des JO?
Les incidents rencontrés à Londres, à Paris et à Delhi ont-ils un impact négatif sur les marques partenaires du CIO et de la flamme olympique? Pour l'instant, elles font le dos rond.

Ils étaient discrets, très discrets. Lors du parcours chaotique de la torche olympique à Paris et, dans une moindre mesure à Londres, San Francisco et New Delhi jeudi, les trois sponsors qui parrainent la flamme étaient presque invisibles. Pudeur délibérée? Pas du tout, affirme le géant des sodas. «Nous sommes désolés de ce qui s'est passé à Paris. La flamme a été étouffée tant par le dispositif de sécurité que par les débats au lieu de diffuser les valeurs positives des JO et nous reconnaissons que cela a gâché la fête, explique Philippe Marty, directeur de la communication de Coca-Cola France. Avec Lenovo et Samsung, les deux autres partenaires majeurs, nous avons assumé notre présence sur ce qui devait être une fête et n'avons d'ailleurs rien modifié à notre dispositif.» Et d'insister sur le message de fidélité que la marque, partenaire des JO depuis 80 ans, veut réaffirmer à l'heure où «le débat suscite une émotion à laquelle nous sommes attentif». «Nous accompagnons cet événement international dans les moments de ferveur populaire et de liesse, mais aussi dans les moments plus difficiles. Notre place est à ses côtés même si le débat actuel nous dépasse et que ce n'est vraiment pas notre rôle de prendre une quelconque position. Nous n'avons pas vocation à juger ce qui se passe.»

On peut légitimement se demander si les événements qui agitent en ce moment le monde olympique et qui pourraient perturber les Jeux de Pékin, en août prochain, peuvent avoir un impact négatif sur l'image des sponsors du CIO qui, pour ceux qui font partie du «groupe d'élite», investissent 40 millions de dollars (auxquels s'ajoutent 15 millions pour le parcours de la flamme).

Seule certitude, certains n'ont pas envie d'en parler et optent, pour l'instant, pour la stratégie de non-communication ou la langue de bois. «Nous n'avons pas pour habitude de faire des commentaires sur des sujets politiques ou polémiques», nous répond-on chez Samsung qui a lancé un vaste concours permettant de gagner un téléphone portable en envoyant «torch» pas SMS. Et sur le site internet que le géant sud-coréen de l'électronique dédie au parcours de la flamme, on ne voit que des morceaux choisis et... positifs. Et lorsqu'on clique Paris, la fenêtre ne s'ouvre pas...

Ainsi lorsqu'on l'interroge, la plupart des marques concernées se cachent derrière un poli «no comment» comme McDonald's, ou derrière un «statement» - jargon marketing oblige - envoyé par mail aux journalistes curieux. A l'image du groupe chinois Lenovo (qui dès 2009 sera remplacé par Acer dans le giron olympique) qui précise: «Lenovo est fier de jouer un rôle en répandant les valeurs qu'incarne l'olympisme, unité, paix et sponsoring.» Le porte-parole ajoute: «Vous comprendrez que nous sommes déçus que certains tentent de perturber le parcours de la flamme.»

Chez Adidas, le message, envoyé par Anne Putz, responsable des relations publiques à l'international, fait quelques lignes de plus, mais le refrain est le même: «Adidas est conscient de l'importance exceptionnelle de la protection des droits de l'homme. Néanmoins, l'on ne devrait pas attendre des sponsors qu'ils résolvent des problèmes politiques. Nous voyons clairement les limites de notre pouvoir d'influence. En Chine, nous nous concentrons sur la protection des droits humains et des conditions de travail supportables dans les usines de fabrication de nos produits. Nous pensons qu'un boycott des Jeux olympiques serait contre-productif et c'est pour cela que nous maintenons notre engagement pour ces Jeux.» Et à la question, réitérée, de savoir si ce qui se passe pourrait nuire à l'image de la marque, Anne Putz répond, mais esquive clairement: «En tant qu'équipementier, nous nous efforçons de livrer les meilleurs produits possibles aux athlètes afin qu'ils puissent atteindre leur but. [...]»

Quant à la question de l'opportunité commerciale que représente pour eux le choix de Pékin, seul Coca-Cola répond franchement. «Le CIO prend seul la décision. Les partenaires n'ont pas droit au chapitre, insiste encore Philippe Marty. Coca-Cola est présent en Chine depuis 80 ans. Nous y avons créé de l'emploi. Ce n'est pas un marché à découvrir. Nous n'avons pas attendu les Jeux de Pékin pour être présents là-bas et y développer une activité économique. Nous appliquons une charte du droit du travail et du respect de la dignité humaine sur tous nos sites, dans chaque pays, y compris la Chine. C'est notre façon d'être cohérent avec nous-même et nos valeurs.»

Sera-t-il possible de mesurer concrètement l'impact des incidents actuels? «Des études sur le sponsoring montrent qu'il est dangereux pour une marque d'être associée à un événement négatif. Cela peut augmenter sa notoriété, à savoir le degré de connaissance de la marque, mais cela peut avoir un effet non désiré sur l'image, explique Jean-Claude Usunier, professeur à l'Université de Lausanne (HEC), spécialiste de marketing international. Mais pour l'heure, l'impact négatif a été très faible car l'attention est captée par autre chose. Notamment par l'attitude des «hommes en bleu» lors du passage de la flamme - est-ce normal que des policiers soient déguisés en sportifs? Cela a occulté la question des sponsors qui font profil bas. Et cette stratégie est bonne si ce n'est que, comme ils ont investi beaucoup d'argent, ils ne pourront la maintenir très longtemps. Mais à mon avis, ils ont peu à craindre. Ils vont attendre la cérémonie d'ouverture et se montrer à nouveau. Mais comme le CIO, ils sont conscients qu'ils n'ont pas la situation sous contrôle et font donc le dos rond.»

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