jeudi 15 mai 2008

CROSS CORSEN. LA SENTINELLE FÊTE SON QUART DE SIÈCLE




Il aura fallu le naufrage de l’Amoco Cadiz pour que le rail d’Ouessant soit surveillé. Le Cross Corsen fête aujourd’hui ses 25 ans de veille radar, à la pointe nord-finistérienne.

Jean-Charles Cornillou a coutume de dire « qu’il est redoublant dans le sauvetage ». Directeur du Cross Corsen depuis le 1 e r septembre 2006, il dispose d’un bureau qui paraît plonger dans la mer d’Iroise. « J’ai de la chance, j’ai toujours eu de belles vues », admet-il. Les quatre années précédentes, il était chargé du contrôle des navires étrangers faisant escale dans les ports français. Il avait la Tour Eiffel en ligne de mire.
« Ma plus grande fierté »
Tout ramène Jean-Charles Cornillou au trafic maritime international, où qu’il soit. Originaire du Nord, il a débuté par dix années de Marine marchande. Il a conduit à bon port tankers, ferries, cargos, barges... « Tout ce qui est dangereux, quoi », sourit-il. En 1995, il entre aux Affaires maritimes. Il est nommé à Fort-de-France.

Il sera au cœur de la création d’un Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage. « Ma plus grande fierté », dit-il. Le Cross Antilles-Guyane fut inauguré en 2001. Lui avait déjà rejoint Rouen, « premier port de grain et de blé d’Europe », comme chef des Affaires maritimes et chef du centre de sécurité des navires. Puis ce sera Paris et enfin Plouarzel, à la tête du Cross Corsen.
Quarante présidents de stations SNSM conviés
L’ancêtre du Cross Iroise a aujourd’hui 25 ans. Un fier vaisseau, planté devant la ligne de démarcation symbolique entre Manche et océan Atlantique, et doté d’une couverture radar de 80 km autour d’Ouessant. « Ça, aucun navire ne peut le faire », s’enorgueillit Jean-Charles Cornillou. Il a convié aujourd’hui la quarantaine de présidents des stations SNSM du Mont-Saint-Michel jusqu’à Penmarc’h à fêter cet anniversaire. Son homologue de Falmouth, Simon Rabett, de la « Maritime Coastguard Agency », sera également là. Comme évidemment les cinq officiers des Affaires maritimes, les quarante autres officiers de la Marine nationale et les sept techniciens des Phares et balises sous ses ordres. « Agents de l’État, tous sous le même pavillon », s’amuse-t-il, persuadé que « le meilleur profil n’existe pas. Il faut savoir s’adapter à beaucoup de situations inattendues ». Car, répète-t-il, le Cross Corsen surveille, mais ne contrôle pas. « La mer, c’est la liberté ». À l’aune des 880 opérations de secours qui ont nécessité l’engagement de moyens en 2007, il constate que « le comportement des commandants de navires a empiré. Ils sont de plus en plus télécommandés par des raisons commerciales ».
« Les conditions de vie des marins, la vraie clé »
L’homme refuse de sombrer dans l’alarmisme. Il n’a de cesse d’énumérer le mémorandum d’entente de Paris, l’arrivée des balises de détresse Cospas Sarsat - « l’assurance-vie du marin » -, la convention de Montego Bay, la mise en place du système mondial de détresse et de sécurité en mer... « On a tendance à n’y voir que des gros machins internationaux. Mais ça a bougé, mine de rien, en un quart de siècle ». Sa plus grande satisfaction est, peut-être, « le grand événement de Genève, en 2006, l’adoption de la convention du travail maritime, qui traite des conditions de vie des marins de commerce.

Source : Le télégramme

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